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Parole de blogueur : « notre liberté est plus grande que sur la presse »

Internet
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
27 avril 2011

Il est juriste, casaoui, et supporter rajaoui. Quand Ibn Kafka n’exerce pas sa profession de juriste, ce père de famille tient un blog très complet - et engagé - où il mélange politique, analyse juridique et avis personnels.

Made in Casablanca : Depuis quand bloguez-vous ?
Ibn Kafka :
Je blogue depuis 2005, ayant choisi cette façon-là pour exprimer mes opinions personnelles sur les sujets qui m'intéressent, qu'il s'agisse de politique, de droit, de culture ou de tout autre sujet me passant par la tête. Je n'ai cherché rien d'autre qu'exprimer mes opinions. Je ne suis porte-parole que de moi-même.

Made in Casablanca : Quels sont vos modèles de blogs ?
Ibn Kafka :
Je n'ai pas vraiment de modèle dans le sens où je me serais dit "tiens, je vais bloguer comme lui".
En revanche, il y a des blogs que j'envie ou ai envié pour leurs qualités. Du côté des marocains, le blog désormais disparu de MoTic, consacré à l'économie et les technologie de l'information, ou encore celui anglophone du journaliste marocain Issandr el Amrani, The Arabist. Parmi les étrangers, The Angry Arab du professeur étatsuno-libanais As'ad Abu Khalil, Lenin's Tomb du Britannique Richard Seymour, celui de l'avocat états-unien Glenn Greenwald ou du professeur de littérature arabe Yves Gonzalez Quijano, Culture et politique arabes sont des sources d'inspiration.

Made in Casablanca : Trois blogs à nous conseiller ?
Ibn Kafka :
Parmi les trois blogs à conseiller, outre ceux que je viens de citer, je dirais The Moorish Wanderer, le blog anglophone d'un étudiant marocain, le site collectif mamfakinch.com proche du mouvement du 20 février, et dans un style totalement décalé, à prendre au 36e degré, Takhouar.

Made in Casablanca : Votre regard sur la blogoma ?
Ibn Kafka :
Le degré de liberté sur la blogoma est plus grand que dans la presse traditionnelle marocaine, et en tout cas plus divers. On y trouve même des scoops, comme celui récent sur le blog de Rachid Jankari relatif aux entreprises familiales du ministre Moncef Belkhayat. Mais globalement la liberté d'expression y connaît les mêmes limites que dans la société marocaine, limites connues de tous.

Made in Casablanca : Les blogueurs ont-il du pouvoir, ou de l'influence, selon vous ?
Ibn Kafka :
L'influence des blogueurs est très limitée en réalité. Personne n'ignore qui détient le véritable pouvoir au Maroc. Ce qui par contre peut donner l'impression d'une influence de ces blogeurs est l'attention disproportionnée qui leur est accordée par la presse par rapport à des acteurs bien plus importants, comme les mouvements sociaux ou les groupes militants.

Made in Casablanca : Votre blog vous a-t-il permis, par la suite, de mieux vous faire entendre hors de la sphère internet ?
Ibn Kafka :
L'intérêt de mon blog a été de me donner la possibilité de rencontrer des gens que je n'aurais pas connu sinon. Je suis passé dans des médias écrits ou radio, mais ce n'est pas très important.

Made in Casablanca : L’anonymat d’internet vous permet-il de parler plus librement ?
Ibn Kafka :
L'anonymat tient à plusieurs raisons, mais mes opinions sont sensiblement les mêmes en privé. Mais il est clair que je tiens toujours compte dans mes écrits du risque pénal que pose la pénalisation de certaines opinions en droit marocain. Cela ne me demande pas de grands sacrifices, n'étant ni athée, ni séparatiste, ni républicain, mais cela impacte sur la liberté de ton.

Made in Casablanca : Pourquoi ce titre, « blogueur en liberté surveillée » ?
Ibn Kafka :
 La liberté surveillée correspond bien évidemment à l'état des libertés au Maroc.

Made in Casablanca : Qu’est-ce qui pourrait vous faire arrêter de bloguer ?
Ibn Kafka :
Le manque d'intérêt ou de temps.

Interview Mathias Chaillot
-> Le blog d'Ibn Kafka

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
27 avril 2011

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