Les grands chantiers de Casa 2/4 : La Medina

Urbanisme
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
17 janvier 2011

De tous les projets qui visent à donner un visage plus moderne à Casablanca, la médina a toujours été laissée de côté. Trop vieille, trop populaire, pas assez intéressante pour faire venir les investisseurs et les touristes. Mais ce gros point noir de la ville, en bord de mer, commence à gêner l’extension de Casablanca et abîmer son image. Un nouveau projet vient enfin combler ce vide.

2011-2013. Entre le début et la fin des travaux, deux ans, seulement, pour réhabiliter tout un quartier, le plus vieux de la ville, à la fois cœur et âme de Casablanca. On le dit construit au XVIe siècle, sur les ruines de l’ancienne Anfa. Encerclée par une muraille – rénové ici, en ruine là -, retranchée contre la mer, bientôt rendue aveugle par la Marina qui se construit entre elle et la côte, cette bonne vieille médina semblait oubliée de tous. Elle regorge pourtant de trésors, avec ses onze fontaines, ses sanctuaires, ses marabouts centenaires, ses sept vieilles forteresses, ses places, et surtout son quartier des consulats, qu’on décrit comme l’un des plus beaux du monde arabe au XIXe siècle. Aujourd’hui s’y entassent des bidonvilles devant des bâtiments en ruine. Si le quartier des Habbous, la « nouvelle médina, » est le lieu où vont tous les touristes pour s’approvisionner en plats à tajines, sacs en cuir et autres objets d’artisanat, l’ancienne médina offre un autre visage, plus réel, de la ville. Au détour de ses ruelles étroites, si vous entrez par Bab Marrakech, vous ne verrez par exemple que des magasins. Des boutiques en tout genre qui proposent vêtements, chaussures, sacs, nécessaire pour le hammam, ça s’achète ici au prix juste, c’est à dire à prix bas. On n’est pas à Marrakech, et le touriste n’est pas le cœur de cible.

Un circuit touristique en projet

Mais les bâtiments fragiles s’abîment, s’affaissent, et risquent de s’effondrer. Pour lui rendre un peu de couleur, 300 millions de dirhams ont donc été alloués, nécessaires à une première tranche de travaux. L’objectif, ici, n’est pas de rendre le quartier plus attractif, mais surtout plus sûr pour ses habitants. Les immeubles sont à rénover, les espaces verts à créer, les réseaux d’eau et d’électricité à mettre à niveau. 90 bâtiments, immeubles comme mosquées et écoles, sont sur la liste pour être retapés, de même que 151 porches, qui devraient retrouver leur lustre d’antan. Un premier palier nécessaire, qui vise aussi à installer des équipements de santé, et des sites culturels
Une fois que la medina aura retrouvé sa fraîcheur, il sera temps d’y faire venir les touristes. Pour ça, un circuit doit être imaginé pour découvrir près de 300 boutiques, des ateliers, l’ancienne église Buena Ventura, trois mosquées, et près d’une cinquantaine d’autres monuments. De quoi faire trembler le Habbous qui risque de se retrouver bien palot à côté. Si le projet va à son terme.

Texte & photo Mathias Chaillot

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
17 janvier 2011

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