La corniche de Casablanca et ses piscines.

A savoir
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
1er septembre 2019

Quand le temps est à la baignade à Casablanca, on se dirige vers la corniche et ses piscines privées. Certains se plaignent du côté « exclusif » de ses lieux, et pensent que cette pratique s’est imposée avec le temps. D’autres, que c’était mieux « avant, quand il n’y avait que l’océan ». Détrompez-vous ! Ces piscines privées sont là depuis un bon moment et elles étaient même plus nombreuses !

… Et peut-être du monde !
Dès 1930, Casablanca se dote de sa première piscine, celle du Lido. Puis viendra celle du restaurant la Réserve qui ouvrira en 1933. Mais celle qui a marqué les esprits, celle qui devint la fierté de tous les habitants de la ville blanche, c’est la piscine municipale Georges Orthlieb. C’est alors la plus grande d’Afrique, et peut-être même du monde, avec ses 5,7 mètres, et ses trois bassins distincts : une piscine « populaire », une grande piscine, et une piscine réservée pour les compétitions (natation, water-polo), ainsi que des toboggans, des plongeoirs. Le prix était de 30 centimes pour l’entrée, et de 10 centimes pour avoir un panier où mettre ses vêtements (l’goufa). A l’époque, la population européenne étaient très férues de sports aquatiques, tandis que pour la population marocaine, la plupart ne savait pas nager. Comme l’habitude d’aller à la piscine en famille ou entre amis fût vite prise, la piscine « populaire » avec ces 110 mètres de long, ne faisait que 1,50 mètre de profondeur.

Le Sun et le Miami
Les Casablancais avaient beau avoir une piscine municipale, la mixité, ce n’était pas le fort de tout le monde… Le Lac voit le jour en 1938, et se dote aussi d’une piscine d’eau de mer, mais aussi d’un terrain de volley-ball. Quelques années plus tard, c’est un journaliste du nom de Roland Lennad qui décide de racheter le lac et d’en faire le Sun-Beach. Son objectif : en faire l’équivalent du Racing Club en France, un lieu fondé sur le culte du sport.  L’esprit de la maison est très strict, et certains racontent que si le gérant vous surprenait en pleine farniente, vous étiez renvoyé ! Mais toujours ce problème de mixité… Le pire, c’est quand les GI’s américains débarquent à Casablanca et décident de faire un tour au Sun. Et c’est une bande de jeunes très bruyants qui fait son apparition. Pour ne pas déranger les membres habituels de son club, Lennad décide de créer le Miami Beach : ici, marocains et américains pouvaient jouir d’une piscine creusée à même les rochers. M pour Miami ou M pour Mixité ?

Pendant ce temps là, à Tahiti
Les années passent et les plages privées sur la corniche fleurissent, toutes plus élitistes, plus sportives les unes que les autres ! André Suire revient des îles Pacifiques, et en opposition au style des autres établissements, il décide d’ouvrir le Tahiti : palmes, totems, toiles de couleur noir, azur, ocre… Pas de doute, au Tahiti, c’était le dépaysement garanti ! Ici, le mot d’ordre c’est de prendre son temps et de se détendre. C’est d’ailleurs au Tahiti que furent organisés les premiers concours de Miss et de Monsieur ! Il parait que pour le concours de Miss Jambes, les participantes devaient porter une cagoule (pour ne pas influencer le jugement du jury). Parfois quand les visages étaient enfin dévoilés, le public était déçu et sifflé la malheureuse.
 

Texte Zara Kadiri
Photo DR

 

 

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
1er septembre 2019

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