L'île aux sorcières de Casablanca

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Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
19 septembre 2019

L’île de Sidi Abderrahmane, vous l’avez sûrement entre-aperçu lors de vos nombreuses excursions «cornichiennes » : c’est ce minuscule village de maisonnettes blanchies à la chaux et aux volets bleus, suspendu entre la terre, la mer et le ciel. Mais qui est ce Sidi Abderrahmane ? Qui vit sur cette île ? Que s’y passe-t-il ? Made in Casablanca révèle les mystères de l’îlot-marabout…

Le saint homme et…

Un homme du nom de Sidi Abderrahmane serait venu de Bagdad au début du 19ème siècle après avoir erré à travers le monde. Ce saint homme n’aspirait qu’à une chose : converser avec Dieu en toute quiétude. Il trouva refuge sur cet îlot alors désert… Son amour pour la mer, la sérénité qu’elle lui procurait, il s’installa dorénavant sur ce bout de rocher. Marchant pieds nus, dormant à la belle étoile et jouant à la gloire de Dieu avec sa flûte, Sidi Abderrahmane avait enfin trouvé la paix. Touchés par sa piété et sa dévotion, les habitants alentour lui firent construire une maison. Il refusa d’y passer ses nuits, préférant en faire un refuge et une maison d’accueil pour les pèlerins de passage ou les pauvres âmes dans le besoin. Car de toutes parts, les gens le sollicitaient, lui demandaient conseil ou simplement sa bénédiction. Cet homme pieux finit par mourir sur son île, et le mystère qui l’entoure n’a fait que s’épaissir depuis. Saint homme, guérisseur, globe-trotter, philanthrope ? Parmi les dons extraordinaires qu’on lui prêtait, la plus remarquable est sans conteste sa faculté à marcher sur l’eau…

 … les chouwafates sur la mer.

Des coqs, des marchands d’eau de rose et d’encens, des passeurs… L’îlot de nos jours c’est une rue unique, bordée de petites maisonnettes aux portes ouvertes et aux tentures multicolores. Des enfants qui jouent, des vieilles femmes qui surveillent le tout d’un œil connaisseur et vous interpellent dès qu’elles flairent le client frileux. L’île est devenue « mi-ange mi démon », elle y fait aussi bien l’apologie du marabout et que celle des voyantes. C’est un peu le supermarché de la croyance : une petite lecture de la main ou du plomb, un petit tour au marabout, et c’est bon. En tout, une quarantaine de familles vivent de ce commerce (entre les gardiens, les marchands d’eau de rose, les voyante, le passeur, etc.). La plupart du temps, ce sont des jeunes femmes qui se rendent auprès des chouwafates, l’une pour un mari infidèle, l’autre pour un enfant souffrant. Mais celles qui sont légion, paraît-il sont celles à la recherche d’un mari. Différentes techniques sont possibles : le plomb fondu, ou les « sept vagues ». Pour le plomb, la voyante demande à la « patiente » de se déshabiller et de s’accroupir au dessus d’une bassine d’eau froide où elle versera du plomb fondu : selon la forme que le métal prendra, la chouwafa expliquera ce qui empêche la jeune femme d’être mariée. Ensuite, pour éloigner le mauvais sort, elle peut soit se laver immédiatement avec l’eau soit la mettre dans un récipient, attendre sept jours, et se laver avec chez elle. L’autre technique consiste à se baigner nue dans l’océan, et de se faire purifier par sept vagues purificatrices…

Patrimoine culturel, ou simple curiosité touristique, cette île est pétrie d’une aura et d’un mysticisme indéniable. A voir et à vivre…

Texte Zara Kadiri

Photo DR

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
19 septembre 2019

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