Jon One, un New Yorkais à Casablanca.

Art
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
24 octobre 2011

Fondateur des 156 All Starz à New York, Jon One a bombé son premier métro à 17 ans parce que pour lui, « Le métro c’est un musée qui traverse la ville ». Quelques bombes de peintures plus loin, Jon One vit maintenant à Paris et expose à travers le monde. Pour sa première exposition marocaine, Made in Casablanca est allé à la rencontre de cette légende des arts urbains.

Il était une fois New York…

Ce qui frappe dans l’œuvre de Jon One, c’est son côté brut, freestyle, délibérement « street ». Une explosion de couleurs riches, brutes et vives, qui envahissent la toile blanche dans sa totalité, ne laissant aucun espace vide de sens. On lui prête des influences diverses et variées (Kandisky, Matisse, Kooning ou encore Pollock) mais lui sait juste une chose : il DOIT peindre. Plus qu’une vocation, son art est un besoin, une soif, qu’il se doit d’étancher jour après jour en éclaboussant ses toiles.

Avec une carrière débutée dans les rues de Harlem, c’est suite à l’invitation de Bando qu’il décide de tenter sa chance à Paris. Il y rencontre Boxer, BBC Crew  et il se met à graffer avec eux. Nouvelles rencontres, cette fois-ci à l’Hôpital Éphémère : A-One, Sharp, Ash, Jay-One. Là il se met à la peinture sur toile, mais sans vraiment abandonner le graffiti. Sa carrière se lance dans les années 90 et ses œuvres font le tour du monde plusieurs fois…

Un New Yorkais à Casablanca

Made in Casablanca : Quelques petites questions sur notre tumultueuse ville… Tout comme New York, Casablanca est considérée comme une jungle urbaine. Si vous aviez l’opportunité de retourner à vos premiers amours, et si vous pouviez tagger un monument ou un lieu à Casa, lequel choisiriez-vous ?

Jon One : Le Mc Donald’s de la corniche. Je dessinerais un énorme « Jon One » là-bas. Parce que je suis un provocateur, un perturbateur, et mes œuvres sont dures. Je veux faire réfléchir et réagir les gens. Un gros « splash » de peinture rouge sang sur la corniche, ça devrait faire réfléchir les gens…

Made in Casablanca : De ce que vous avez pu voir de notre ville, y avez-vous décelé certaines similarités à votre ville natale ?

Jon One : Dans mon quartier à New York, il y a une forte communauté issue de la République Dominicaine, de Porto Rico. Et j’ai pu ressentir à quel point le Maroc aussi est un pays de métissage, ça m’a rappelé mes racines dominicaines. Je me suis même dis "Si on se ressemble, peut-être que nos pensées se ressemblent aussi".

Made in Casablanca: Vous avez commencé dans les rues de Harlem, et maintenant vous exposez dans des galeries d’art dans le monde et vous vivez à Paris. C’était votre plan depuis le début, ou c’est plutôt le destin ?

Jone One: Ca ne faisait pas du tout partie d’un plan. Il y a une certaine bourgeoisie dans l’art, parce que les personnes capables d’acheter ces œuvres sont des personnes aisées. Il y a un certain code, un certain cercle, voire une communauté qui surplombe le monde de l’art. Mais le plus important pour moi, c’est cette faim que je ressens toujours. Même si je mange du foie gras et que je bois du champagne, je ne le vois et ne le ressens comme un but dans ma vie, celui d’accumuler et de posséder. Je me réveille tous les matins et j’ai encore faim. Tu peux donner à un enfant les meilleurs ordinateurs, l’inscrire aux meilleurs écoles, le rendre pourri-gâté, mais si il n’est pas motivé, il n’allumera jamais l’ordinateur. Et ma motivation vient de mes origines, de ce que j’ai laissé derrière moi et ce qui m’attend devant. C’est une relation très personnelle que je dois gérer. J’y pensais aujourd’hui même : je suis en compétition avec moi-même. Et c’est le pire. Je n’essaye pas d’avoir une Ferrari ou une plus grande maison ou aller à des fêtes. Le problème est en moi. Dans mon cerveau.

Texte : Zara Kadiri

Photo : DR

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
24 octobre 2011

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