Jeudis Casaouis "Beaucoup de choses se passent aux Jeudis Casaouis"

Made in Casablanca : Quand êtes-vous arrivés au Maroc ?

Adrien : On est arrivés y a un an et demi, enfin Max est le plus ancien du groupe.

Made in Casablanca : Donc c’est vous le « papa » des Jeudis Casaouis ?

Max : Voilà oui (rires). Nous étions au départ trois copains, et en arrivant à Casa on trouvait que ça manquait un peu de soirées qui permettraient aux expatriés et aux marocains de se rencontrer,  sachant que tout le monde vit un peu dans son cercle. Moi je suis expatrié et je le vois bien, à part quelques électrons libres, les expatriés restent entre eux. Evidemment, on organise avant tout une soirée pour s’amuser, rencontrer du monde, un peu comme les soirées étudiantes à Paris.

Made in Casablanca : Avec des prix négociés, oui, ça rappelle assez les soirées étudiantes…

Adrien : Dans les villes européennes, quand tu débarques et que tu ne connais pas grand monde, tu peux toujours aller aux soirées Erasmus. Ici, ce n’est pas forcément facile de rencontrer du monde si tu ne connais personne.

Made in Casablanca : Alors au départ, c’était surtout une soirée entre copains ?

Max : Au départ, on PENSAIT n’être qu’entre copains, et en fait ça a démarré tout de suite. La première édition a eu lieu au Sky 28, on attendait 40 personnes et on en a eu 70. Et le bouche à oreille aidant, le concept est de plus en plus connu, et là on arrive à 300.

Adrien : En fait c’est ça, c’est essentiellement du bouche à oreille, on ne se prend pas au sérieux, on ne le fait pas pour l’argent, du coup on n’a pas de budget communication et on communique surtout par Facebook et sur les forums d’expatriés.

Max : D’ailleurs on reçoit souvent des dizaines de mails du type « Salut, je viens d’arriver à Casa, je connais personne, j’ai entendu parler de vos soirées. ».

Made in Casablanca : Arrivez-vous à faire tenir le pourcentage mi-marocain / mi-français ?

Max : Les principales nationalités sont marocaines, françaises, espagnols, et même des américains qui viennent de Rabat. C’est sympa ce petit melting pot. On est à la 18^ème édition, c’est relativement nouveau et on se doute que le concept devra évoluer, qu’il va falloir se remettre en question. Maintenant on attend 300 personnes mais si on grossit, comment on fait ? On ne trouvera plus de lieux qui soient assez grands pour nous recevoir…

Adrien : D’où la petite nouveauté de cette édition, qui nous tient particulièrement à cœur. Vu que les Jeudis commencent à ramener pas mal de monde et que le but a toujours été d’être non lucratif, arriver à 300 personnes, on a un poids qui nous permet de demander un peu d’argent à la fin de la soirée, mais pas pour nous, pour une association. On a décidé de prendre contact avec  une association différente tous les mois. Ce mois-ci nous récoltons des fonds pour « Un cœur de femme », une association de sensibilisation contre le cancer du sein. Ils mettent en place dans le Maroc des dépistages, ils sensibilisent le public, mais ils prennent aussi en charge des opérations. L’idéal serait qu’à la fin de la soirée de ce mois-ci, on puisse financer l’opération d’une femme atteinte du cancer du sein…

Made in Casablanca : Vous êtes combien aux Jeudis Casaouis ? 

Max : Une équipe de 5. Vu qu’on est tous expatriés, y a un gros turn-over, moi je suis le dernier des premiers (rires).

Made in Casablanca : Quels sont les critères pour faire partie de l’équipe ?

Max : De la motivation, de la réactivité, tout ce qu’il faut pour gérer une soirée. Même si le rythme n’est pas dingue, il faut quand même trouver un bar, négocier, entrer en contact, communiquer. On cherche avant tout de la cohésion de groupe et de la réactivité. Là par exemple on a eu un gros bug avec Facebook. Notre compte a été bloqué pendant 2 semaines. La situation a été débloquée aujourd’hui, on en a fait une fan page. Mais balancer la communication sur l’événement 4 jours avant ...

Made in Casablanca : D’ailleurs ce jeudi, il y aura pas mal d’événements en même temps… Ca ne vous fait pas peur ?

Adrien : Pour les 1 an des Jeudis Casaouis à la Suite, on nous avait dit la même chose avec l’ouverture de Planet Sushi à coté. Finalement tout le monde a débarqué.

Made in Casablanca : Alors le concept évolue sur le plan caritatif, mais est ce qu’il va évoluer dans un sens différent ? Plus artistique, plus fun, plus… ?

Max : On a la problématique de la taille. Il va falloir prendre un tournant, parce que si on investit des lieux qui ont déjà été visités mais qui maintenant vont être trop petits, ce ne sera plus possible.

Adrien : C’est sûr que c’est un point positif, d’avoir toujours plus de monde mais le revers de la médaille c’est qu’il y a plein d’endroits qu’on a déjà fait et des endroits à Casa qui peuvent recevoir environ 300 personnes, ça devient difficile. Et les endroits avec terrasse ne sont plus tellement exploitables à partir du mois de novembre. Et comme on ne se fait pas d’argent sur les recettes, on n’a pas de budget pour louer une salle.

Made in Casablanca : Beaucoup de choses se passent pendant les Jeudis Casaouis…

Max : Des relations professionnelles, des voyages, des couples, des colocations…

Made in Casablanca : Pourquoi ne pas partir sur des thèmes aussi : un pays, des déguisements, musiques ou autre ?

Max : Faut qu’on trouve le temps de mettre en place tout ça. Mais notre gros dossier, celui qui nous tenait particulièrement à cœur, c’était les associations caritatives.

Made in Casablanca : Certains se lancent là dedans pour s’acheter une conscience

Adrien : Dans la mesure où nous, de toute façon, on ne touche pas d’argent, c’était vraiment une démarche spontanée. Et on a bien vu que malgré les prix négociés, les établissements entraient dans leur frais, voire au-delà. Dorénavant, ce critère pour nous est primordial : on refuse de travailler avec des établissements qui ne veulent pas reverser une partie des gains à l’association.

Made in Casablanca : Comment s’est passée la première fois que vous êtes allés démarcher un établissement pour votre concept ?

Max : On est arrivé les mains dans les poches et on a un peu subi le truc. Mais on en a tiré de l’expérience. On a mis quelques temps à comprendre quels étaient nos leviers de négociation.

Adrien : Par exemple maintenant on sait quelle fourchette de prix demander. Et quand le gérant nous dit qu’il ne peut pas aller en dessous de X, on sait qu’il ment (sourire).

Made in Casablanca : Et les établissements préférés des Jeudis Casaouis ?

Adrien : L’endroit où ça s’est le mieux passé, c’est La Suite. La 2^ème édition à été faite là-bas. Même si on venait de commencer, l’accueil était top, ça reste l’un des rares endroits où le service a toujours été impeccable, super pro, super réglo. C’est aussi l'un des rares endroits où ils ont joué le jeu, ils nous ont privatisé l’endroit, mis le staff nécessaire en place.

Max : Les gérants sont des pros, et en plus, ils ont cru en nous dès la deuxième édition. Alors qu’on avait encore quelques problèmes de négociation, de mise en place,  et qu’on ne faisait pas le poids encore. Y a une relation de confiance qui se met en place avec certains établissements. Mais pas tous.

Made in Casablanca : Quels sont les critères des Jeudis Casaouis quand ils choisissent leurs établissements ?

Adrien : La taille. Les prix négociés.

Max : Une qualité de service. Faut du monde derrière le bar, pour pas que les clients attendent leur verre trois heures. Une ambiance, un bon dj, un groupe live, c’est des animations. A la Plaza de Toros, y avait un cracheur de feu, un échassier, une contorsionniste, une danseuse orientale…

Retrouvez toute l’équipe des Jeudis Casaouis ce Jeudi 20 Octobre 2011 au White Garden (ancien Café en Seine, avenue Hassan Souktani à Gauthier). Comme d’habitude des prix négociés, et cette fois-ci, 3 bars distincts : un pour les cocktails, un pour le vin, et un pour la bière ! Ils pensent vraiment à tous nos Casaouis !

Interview Zara Kadiri

Photo Jeudis Casaouis