Illustration d'un savoir-faire

Mahkama de Casablanca
Editor Made in Casablanca
2 décembre 2013

Au cœur du quartier des Habous, caractérisé par son style architectural traditionnel, se dresse cette imposante bâtisse qu'est la Mahkama de Casablanca. Un ouvrage qui mérite l'intérêt de l'architecte, de l'historien aussi bien que celui de tous ceux qui se préoccupent des questions de la tradition et de la modernité ou encore du défi technologique.

Construite dans les années cinquante, avec les mêmes techniques de celles employées à l'Alhambra de Grenade ou dans le tombeau des Saâdiens à Marrakech, l'édification de la Mahkama de Casablanca répond à toutes les exigences techniques et de fonctionnalité requises par les temps modernes. Comment une telle réalisation fut-elle rendue possible? Voici quelques éléments de réponse.

La construction avant le protectorat
L'activité de la construction a constitué un secteur de pointe à travers l'histoire du Maroc et notamment dans les grands centres urbains. Cette performance n'est point le fruit d'un quelconque hasard, mais bien la convergence de nombreux facteurs économiques, culturels, religieux, techniques caractérisant la société marocaine dans son ensemble. L'évolution et l'organisation interne de ce secteur étaient assurées par les corporations de métier qui ont permis pendant le protéctorat l'organisation et la défense des intérêts de leurs membres mais également et surtout la préservation, l'adaptation progressive et la transmission de génération en génération des techniques de la construction.

Le protectorat, époque morose pour l'artisanat marocain
Cette évolution de l'acquis architectural et technique ancestrale va se trouver interrompue, marginalisée, voire combattue avec la pénétration coloniale. En effet, le protectorat va prendre toute une série de mesures d'ordre juridique, économique, fiscal, administratif et technique qui auront pour retombées de confiner la profession locale dans l'espace le plus étroit qui soit afin d'ouvrir les champs à l'intervention des entrepreneurs «modernes». Mais de façon générale, l'architecture nationale s'est vue, du fait de l'introduction de l'architecture dite moderne européenne, confinée à sa seule dimension décorative. 

Un savoir-faire finalement reconnu
Aujourd'hui tout le monde s'accorde à dire que toutes les difficultés techniques qui ont surgi en cours de construction et même les plus complexes d'entre elles (manque de ciment et de fer,..), ont été surmontées par des solutions proposées par les artisans et les entrepreneurs nationaux ou avec l'architecte maître d'oeuvre. C'est ainsi et à titre d'exemple, que les escaliers colimaçons ont été réalisés avec des dalles posées les unes sur les autres et fixées par un système de mâle/femelle autour d'une poutre centrale en pierres dures arrondies. 
Ainsi libéré des contraintes inhérentes au mode de construction européen, le savoir-faire architectural et technique national a pu donner le meilleur de lui même réalisant l'un des ouvrage les plus grandiose du Maroc moderne et apportant la preuve que les techniques dites traditionnelles n'étaient ni discrètes ni inadaptées à la réalisation d'ouvrage aussi importants.

Finalement, qu'il s'agisse de la Mahkama de Casablanca ou de bon nombre d'autres édifices de la ville, il convient de dire - des décennies plutard- que si nous pouvons être fiers de notre patrimoine architectural, s'est bien à la fois grâce à notre savoir-faire céculaire et à celui apporté par le protectotat.

Texte: R.Samie/Etude M. Ayouche
Photo: DR


Editor Made in Casablanca
2 décembre 2013