Gibraltar World Music Festival : Et ce sera la paix en Afrique !

Festival
Khouloud Kebali
Editor Made in Casablanca
15 juin 2017

Nous avons d’abord vécu, en 2015, la magie d’une édition, intitulée « Khamsa », dédiée au Maghreb avec une pensée spéciale pour le Maroc et tout ce que le pays incarne en tolérance, coexistence et acceptation de l’autre, nous avons eu la chance d’assister à l’édition 2017 du Gibraltar World Music Festival. Une édition tournée vers l’Afrique et toute la beauté de ce mélange de couleurs, de cultures et d’expressions. Cette année encore, Made In Casablanca était de la partie, parmi des personnalités et journalistes convaincus par l’importance de cette communion autour de la paix.

Un festival pensé et organisé par un Casaoui de naissance et de cœur, Yan Delgado qui rêve le monde comme un seul continent, riche en diversité mais uni. Une sorte de carrefour où se retrouvent les pensées des quatre coins de la planète, où l’on discute paix et tolérance, à travers la musique, le cinéma, des conférences et des débats.

Gibraltar World Music Festival, une occasion pour des artistes, intellectuels, journalistes, personnalités publiques de se réunir pour lancer des appels et contrer la pensée extrémiste qui sévit de plus en plus… Dans une ambiance presque familiale. Les mots d’amour, de compassion, de compréhension dissipent les nuages lugubres d’une paix en perdition.

Nous réunir, même dans nos différences et nos cultures dispersées, lever nos verres à l’espoir d’un vivre ensemble nécessaire, vital à notre survie, un challenge qui semble des plus difficiles mais aussi des plus stimulants.

Gibraltar, ce rocher emblématique, qui accueille Musulmans, Juifs, Chrétiens… et qui donne l’impression d’être sur une autre planète, en Europe, sans vraiment y être… Une part de l’Afrique qui « flotte » juste en face du continent.

Nous avons TOUT aimé, marcher dans les petites et grandes rues, rencontrer des penseurs venus des quatre coins du monde, prêter le serment de la promotion de la paix, comme une religion commune à tous les êtres humains, mais aussi comme un combat porté par le monde entier.

Quand la musique se fait résistance :

Le Gibraltar World Music Festival commence par une projection, pensée pour exposer le destin de plusieurs artistes africains face à la nébuleuse de l’extrémisme. Dans une salle comble, nous avons eu droit à plusieurs leçons de vie…

Deux films documentaires, deux témoignages de vies et parcours menacés par le terrorisme, deux films/messages sur des musiciens qui choisissent la musique comme réponse au fléau grandissant de la haine… « They Will Have To Kill Us First », de Johanna Schwartz, poignants témoignages d’artistes du Mali, menacés de mort par ceux qui se font appeler « jihadistes » car la musique, oxygène du pays est désormais décrite d’œuvre de Satan… Des artistes qui ont dû quitter villages, villes et même patrie pour « continuer à exister » à travers notes, refrains et paroles ! Des artistes qui se livrent dans un documentaire qui prend par les tripes, donne des frissons et fait couler des larmes.

« Mali Blues » de Lutz Gregor nous fait également plonger dans un monde que nous avons (ou avions) beaucoup de mal à imaginer, depuis nos citadelles bien protégées… Comment imaginer un monde privé de musique, d’instruments, de chant ?

La réalité des artistes du Mali nous ramène à une évidence douloureuse : les kalachnikovs, la pensée obscure détestent la beauté et combattent le rêve et l’espoir. Edifiant documentaire à voir et revoir non seulement pour réaliser le danger de la nébuleuse mais aussi pour admirer la détermination de ceux qui ont osé brandir leurs instruments de musique comme arme de CONSTRUCTION massive !

 Le BrightMed, pour que la lumière fuse…

Une rencontre avec des sages, messagers et ambassadeurs de la paix à travers le monde. Des moments riches en échanges… Même avec les étudiants du Gibraltar, venus apprendre des « grands » mais aussi partager leurs ressentis, appréhensions et visions des différents conjonctures.

Et cette visite à l’Université de Gibraltar, établissement tout récent qui se donne pour mission de prôner le vivre ensemble et l’échange. Une matinée des plus riches émotionnellement où TOUS les participants ont témoigné : ce qui les inquiète dans le monde, ce qu’ils voudraient voir et pouvoir changer dans ce monde, mais aussi en eux.

Les débats ont concerné des personnalités, des personnages que nous souhaiterions cloner pour les « positionner » un peu partout sur cette terre.

Nos coups de cœur…

Simone Susskind : Celle qui essaye de joindre « les deux bouts »

Politicienne belge, également Présidente du Centre communautaire laïc juif, Femme de l’Année en 1991, présidente-fondatrice des «Actions in the Mediterranean» pour le dialogue entre Israël et les Palestiniens…

Activiste dont le combat initial est d’installer le dialogue (et pourquoi pas la PAIX) entre Israéliens et Palestiniens. Et puisque la musique a ce pouvoir d’instaurer l’espoir, Simone se bat aussi pour promouvoir, au sein du « Music Fund » la coopération dans le domaine de l'enseignement de la musique. Un fond qui offre des instruments de musique aux jeunes et moins jeunes, dans les pays en guerre.

Rama Mani : L’étincelle…

Elle porte en elle les couleurs, mais aussi la douceur, de ce tendre pays qui nous fait rêver, l’Inde.

Rama Mani, une des plus belles voix de la paix, docteure, maître de conférences au Centre de Genève pour la Politique de Sécurité et spécialiste de la prévention des conflits. Un être de lumière, au parcours surprenant qui a ému la salle, en partageant une partie du quotidien des femmes indiennes, mais aussi leur courage et détermination.

Safia Taleb Al Suhail : La femme-combat.

Elle est irakienne, fait partie de celles et ceux qui se battent pour les libertés individuelles dans un pays ensanglanté et touché de plein fouet par le terrorisme et les dégâts de la séparation ethnique et religieuse… Mais cette femme est aujourd’hui ambassadrice de son pays, en Jordanie. Irakienne, qui a fait le choix du combat digne, qui a épousé un kurde et dont le défi dans la vie est de participer à l’unification de son pays… A contrer l’extrémisme. Un défi lourd, dangereux pour cette femme au grand cœur qui n’a que faire des menaces des uns et les critiques des autres.

Kathryn Temple : L'engagée du bonheur

Elle a fait la modération d’une rencontre, avant de participer au débat à l’université de Gibraltar et elle a réussi à nous mettre debout, mains sur le cœur, pour prêter le serment de la paix et de la coexistence, mais aussi d’une pensée interplanétaire du beau et du bon en nous… Tous.

Psychologue, présidente de la « Hapiness Foundation », Kathryn est un mélange de cet humour bien british et puis de la douceur, la gentillesse et le sens de l’écoute qu’on souhaiterait retrouver chez quelques billions de terriens !

Communion… Dans la grotte.

C’est la fin, l’apothéose, le meilleur et l’au-revoir. Un concert, au coeur même des St-Michael Caves, où Yassi Fine & Ben Aylon, musiciens qui se décrivent du désert bleu, une contrée qui accueille le monde entier et où aucune guerre n’existe, nous ont transportés grâce à une musique bédouine, touareg, une guitare, une batterie et un synthé qui font rejaillir même nos plus anciennes mythologies.

Gili Yalo & Adi Adunia, miracle éthiopiens, maîtres de l’Afro-Funk et du Rock ! Et peu importe ne pas parler la même langue, leurs chansons ont littéralement mis les gens debout dans une sorte de transe qui renvoie sous les plus beaux cieux de l’Afrique.

Place au Mali avec Bassekou Kouyate, une formation qui a défié les interdits imposés par des autoproclamés défenseurs des valeurs religieuses, et qui nous offert le rêve même d’un pays qui résiste.

Le Gibraltar World Music Festival… N’est pas une simple date à retenir, mais un esprit, Ô Convivencia, à dupliquer, à copier (Yan Delgado n’y verrait aucune objection, nous en sommes certains !). Le GWMF, c’est un Casaoui de Gibraltar, entouré d’une équipe de choc, portée par la même ambition de promotion de la paix comme essence même de notre vie et élément vital à notre survie.

 

 

 

Khouloud Kebali
Editor Made in Casablanca
15 juin 2017

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