Expo "20-21" : Le "Minor Report" de Mostapha Romli

Exposition
Khouloud Kebali
Editor Made in Casablanca
5 juillet 2017

Il est de Casablanca, n’habite plus (vraiment) Casablanca car en vadrouille tout le temps, mais surtout parce qu’il a créé, il y a quelques années déjà, la plus grande résidence artistique en Afrique et qu’il y a élu domicile… Mostapha Romli fait partie de ces artistes qui illuminent le monde qui les entoure. L’initiateur et organisateur de la célèbre Biennale de Casablanca revient avec une exposition à couper le souffle… Un de ses nombreux messages, adressés aux consciences et nous en sommes amoureux !

Après une exposition au Japon où il dénonce la traite et le commerce des femmes dans les pseudo-guerres religieuses, où il nous éclater l’horreur de « Jihad Anniqah », avec des créations hurlantes de réalité, mais aussi de beauté… Une exposition où les corps se mélangent aux armes et aux atrocités de l’extrémisme, des créations qui nous collent au cœur et nous habitent à jamais… Romli réinvente le combat contre les injustices subies par la Femme à travers le monde et plus précisément dans les sociétés « arabo-musulmanes », comme le Maroc, son pays.

Cette fois-ci, c’est au tour du mariage des mineurs de recevoir les coups de notre artiste plasticien engagé…

Invité par la célèbre fondation Building Bridges de Los Angeles, Etats-Unis, à présenter son nouveau travail dans lequel il traite frontalement un autre sujet qui le révulse. Son exposition « 20-21 » se réfère en effet directement aux deux articles de la nouvelle Moudawana permettant de déroger à l’interdiction du mariage des mineurs. Ils ont ainsi autorisé, entre 2004 et 2014, la célébration de plus de 102 000 unions de jeunes filles en dessous de l’âge légal.

Et c’est tout ce qu’on aime chez Romli, cette alchimie juste entre l’art et l’engagement personnel… Ces mélanges de styles, de couleurs et ces lettres éparpillées comme pour nous rappeler de « recomposer » la vie de « battre » les cartes à nouveau pour un monde meilleur.

Des œuvres coup de poing qui, comme toujours avec Mostapha Romli, partent d’une prise de vue photographique, ici le portrait, réalisé à l’époque coloniale, d’une jeune marocaine au regard vide, triste et mélancolique. Passé à travers un processus de transformation, de manipulation, d’estompage parfois, qui lui fait perdre son identité de “témoin d’une réalité”, il devient une base du travail, comme le serait une toile ou une feuille blanche, mais une toile déjà chargée d’un passé, d’une histoire matérialisée par une empreinte, point de jonction de la mémoire, du présent et de l’avenir. Et c’est avec cette base chargée émotionnellement que Mostapha Romli interroge, sans concession l’actualité.

Cette exposition, qui se poursuit jusqu’au 20 juillet, témoigne de la reconnaissance internationale de Mostapha Romli. Très présent en Espagne et en Allemagne, il fut, on le rappellera, le premier artiste plasticien marocain à exposer en SOLO SHOWS dans deux villes majeures du Japon.

Khouloud Kebali
Editor Made in Casablanca
5 juillet 2017

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