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« Elle est diabétique, hypertendue et elle ne crèvera jamais » de Swel et Imad Noury

Cinéma
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
14 septembre 2012

Hajja Fakhita nous revient dans "Elle est diabétique, hypertendue et elle ne crèvera jamais" ! Un troisième film encore plus fou, plus coloré et plus vitaminé, avec cette fois-ci les fils de Hakim Noury à la réalisation, Swel et Imad. Made in Casablanca les a rencontré pour vous.

Made in Casablanca : Que le troisième opus de la trilogie "Elle est diabétique" sorte enfin au mois de septembre 2012 a de quoi nous réjouir. Et qu’il soit réalisé par les fils du réalisateur, encore plus ! Ca vous est venu comment ? Et l’idée de faire tourner votre père ?  

Imad Noury : Après l'expérience de « The man who sodl the world », nous avions vraiment besoin de changer d'air et de mood… Un jour nous étions à table et notre père nous a proposé: "Pourquoi ne pas faire la 3ème partie de Diabétique?".  Ca a commencé comme ca, on a pris le projet en main et on l'a fait à notre sauce ! Nous avons voulu faire tourner notre père, présent sur tous nos courts et long-métrages. Ca fait 14 ans que nous dirigeons notre père, il a commencé avec nous et il n'est pas prêt d'en finir ! Son personnage est donc nouveau dans la saga et personnellement, nous adorons le personnage de Kamal, le rôle qu'il incarne dans le film.  

Swel Noury : Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, nos premiers projets (qui n'ont jamais vu le jour hélas) étaient tous des comédies. Des comédies noires, certes, mais des comédies. Notre premier long « Heaven's Doors » était construit sur le modèle d'une tragédie et « The Man Who Sold The World » était une libre adaptation d'un roman de Dostoïevski : c'était suffisant pour que l'on nous étiquette dans un genre. Or le seul genre auquel on appartient est celui du visuel, c'est d'ailleurs le point commun entre toutes nos œuvres. Et c'est ainsi que nous avons abordé Diabétique 3,  comme une saga existante que l'on devait adapter à notre monde. Nous espérons que le résultat plaira. En ce qui concerne notre père, il a toujours fait parti de nos films, nous ne voyions pas de raison de changer nos coutumes. Au contraire, c'est chaque fois un nouveau challenge pour le rendre différent et croyez-moi les spectateurs ne seront pas déçus! 

Made in Casablanca : Sur ce film vous êtes tous deux réalisateurs mais Imad est aussi directeur de la photographie tandis que Swel s’occupe du scénario. Pas trop dur de porter toutes ces casquettes à la fois ?

Imad Noury : Nous avons toujours porté les mêmes casquettes, et pas mal d'autres que nous ne citons  jamais et qui font partie de la post-production. La seule différence c'est que j'ai fait la photo du film, ça faisait très longtemps que Swel et moi n'avions plus envie de dépendre d'un directeur de la photographie et de mon côté j'avais toujours eu envie de placer des lumières… J'ai donc appris tout seul à gérer cette responsabilité.  Nous aimons sentir la pression au moment de travailler. On se sent mieux, plus efficace et plus créatif. 

Swel Noury : Ce n'est pas trop dur de porter différentes casquettes si on a toujours travaillé de la sorte. Ce qui est notre cas. Qu'Imad prenne en charge la direction de la photo du film est la conséquence de deux faits principaux. Tout d’abord une volonté plus accrue d'indépendance dans un projet qui devait se tourner dans des délais très stricts. Ensuite, la volonté de laissé Imad mettre en œuvre tout le savoir accumulé depuis tant d'années sur les tournages. Le résultat est tout simplement spectaculaire et c'est certainement l'une des meilleures décisions prises sur ce projet. Quant à l'écriture, il convient de rappeler que le scénario a été écrit par notre père, j'ai cependant eu la liberté de pouvoir le retravailler, de mieux installer notre univers, de booster la dynamique du film et surtout de développer un personnage qui me plaisait tout particulièrement. 

Made in Casablanca : Ce qui plaît dans les aventures de Hajja Fakhita, ce sont les situations rocambolesques, les clichés sur la belle-mère marocaine, etc. Dans celui-ci pourtant, l’Hajja a plus un rôle de « femme » puisqu’elle tombe sous le charme de Kamal et décide de se débarrasser de sa rivale. Un choix intéressant…

Imad Noury : Hajja est un personnage unique. Tout le monde sait qui c'est et comment elle est. On a voulu la rendre coquette et faire ressortir ce côté "petite fille" afin de mieux le contraster avec son personnage de dure, capricieuse, insupportable et dictateur. Amina Rachid s'est prêtée au jeu et nous a offert une quantité de situations comiques à ne pas rater. Une expérience magique avec une star qui s'est laissé diriger avec beaucoup d'élégance et de sérieux. Une femme comme il en existe peu.

Swel Noury : Que dire de Hajja? C'était pour nous un des attraits principaux de ce projet. Avoir la chance de la diriger et de la faire pénétrer dans notre univers nous semblait un pari attirant. Effectivement, les gens la verront sous un autre jour mais elle reste la Lalla Fakhita des premiers volets. Nous avons juste voulu la pousser un peu plus dans ses retranchements et je ne peux que saluer sa force de travail, son professionnalisme, sa gentillesse et sa confiance. Dans chacun de nos films, nous vivons des moments inoubliables et intenses avec nos acteurs, dans celui-ci, Hajja a été notre talisman. 

Made in Casablanca : La première chose qui saute aux yeux lorsque l’on regarde votre bande-annonce, c’est votre univers : décalé, coloré, avec une petite touche 70’s.

Imad Noury : Nous sommes très visuels. C'est quelque chose qui nous est fondamental. On ne décale pas pour décaler. Nous croyons vraiment en ce que nous faisons et du coup ça sort naturellement. Couleurs, musique, sons, montage etc. On adore, et si un de ces chapitres n'est pas relevé, c'est que le travail n'a pas été bien fait. 

Swel Noury : On peut nous reprocher beaucoup de choses mais ce qui est sûr, c'est que quand les gens sont face à l'écran, ils savent que Swel et Imad sont passés par là. Comme je l'ai déjà dit, le visuel est la clé de voute de toutes nos réalisations. Chaque projet nécessite un visuel particulier. Nous avons longtemps réfléchi au look du film avant de commencer et tout de suite s'est imposé l'inspiration de la bande dessinée, d'où le côté décalé et coloré. 

Made in Casablanca : Pour ses vacances, l’Hajja va se reposer au Mazagan. Un mot sur le choix de la location ?

Imad Noury : En effet le choix du Mazagan était volontaire. Nous sortions d'un film sur fond de guerre !  Alors nous avons voulu faire rêver le public avec un décor gigantesque et splendide. Le Mazagan a été notre partenaire sur cette aventure et le résultat à l'image est vraiment riche. Ca donne énormément de vie à l’ambiance du film, vacances et bonnes vibes!

Swel Noury : Le Mazagan nous semblait le lieu idéal pour tourner cette comédie, car il apporte les couleurs, le luxe, la joie que nous voulions faire apparaitre. De plus, ils sont  partenaires du film ce qui a été un grand plus pour nous. 

Made in Casablanca : Casablancais d’origine, vous vivez le reste de l’année en Espagne. Artistiquement, être à cheval entre deux pays, deux langues, deux cultures, ça vous apporte quoi ?

Imad Noury : Ca ne peut qu'apporter de la richesse. Déjà on vient d'un couple mixte. Notre père est un pur Casablancais et notre mère est Espagnole, de Madrid. On a donc grandit avec 2 cultures en parallèle et les deux sont très proches. 

Swel Noury : Cela nous donne une vision différente et un "déplacement des perspectives" pour citer quelqu'un que j'aime. Nous prenons plaisir à travailler dans un endroit ou dans un autre. Après tout de nos jours, je pense que pour les créatifs, la notion de frontière est devenue très vague. Notre cinéma se nourrit de nos deux cultures bien évidemment, mais également de tout ce qui nous entoure, amis, musique, mode, voyages, littérature, cinéma. 

Made in Casablanca : Une question qui ne va sûrement pas vous faire que des amis : vous êtes amateurs de foot ? Vous êtes plutôt Wydad ou Raja, Barça ou Real ?

Imad Noury : Real Madrid. Real Madrid et Real Madrid. Je vis une bonne partie de ma vie pour le Real. Je pense qu'avec cette phrase j'ai tout dit. Ah non, Hala Madrid !

Swel Noury : Real Madrid, sans aucun doute. Etant petit, la plupart de mes amis étaient du Wydad donc je penche plus pour cette équipe. 

Made in Casablanca : J’ai cru comprendre que Swel est photographe… Vous comptez nous faire profiter de vos œuvres à Casablanca ?

Imad Noury : On n'attend que ca. Les œuvres de Swel sont vraiment hallucinantes. Et ca enrichit énormément notre travail. La photo et la direction de photo sont deux choses totalement différentes. Et c'est une autre arme pour enrichir notre côté visuel. C'est aussi l'un des secrets de notre complémentarité. Mais on ne va pas raconter tous nos secrets… 

Swel Noury : J'attends avec impatience ce moment, j'ai eu des propositions mais je ne veux pas me précipiter. J'ai envie de faire les choses bien, de rencontrer la bonne galerie, les bonnes personnes. En parallèle de mon travail de mode, je développe des projets personnels que j’aimerais exposer bientôt au Maroc.

 

Ne manquez pas la sortie du film « Elle est diabétique, hypertendue et elle ne veut pas crever 3 » sur vos écrans à partir du 19 septembre 2012.

Envie de découvrir le monde de Swel ? Un petit tour sur son site : www.swelphotography.com

 

Texte Zara Kadiri

Photo DR

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
14 septembre 2012