Driss Ghallab, entre la vague et Amouage

Presse
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
18 mars 2011

Seul magazine de glisse au Maroc, Amouage (vague) est une petite institution dans le milieu des surfeurs. A l’origine, pourtant, ce n’était qu’un travail d’étudiant destiné à finir sur le bureau d’un prof. Rencontre avec son rédacteur en chef, Driss Ghellab, qui nous emmène surfer le long de la corniche de Casablanca.

Driss Ghallab parle doucement, d’une voix éraillée, parfois comme s’il murmurait. On imagine un homme discret, simple, ce qu’il est. On imagine moins, derrière, le surfeur passionné et journaliste improvisé. Et pourtant. A 6 ans, déjà, il monte sur sa bodyboard chaque été, en vacances avec ses parents au bord de la Méditerranée. A 11 ans, il fait un stage au Surfland de Oualidia (celui de Casablanca n’existait pas encore), puis tous les étés jusqu’à ses 14 ans, avant qu’il ne se lance seul. Aujourd’hui, il vit avec sa planche comme une extension de ses jambes. « Je fais du surf au moins une fois par semaine, raconte-t-il. Ça permet de se vider la tête, de retrouver des potes, et surtout de voyager. Un jour à Agadir, un autre à Safi, un troisième à Tanger. » Et bien sûr Casablanca. « C’est une situation idéale, toute la côte est un bon spot. On peut surfer le long de la Corniche, à Ain Diab, et si on s’éloigne un tout petit peu, il y a de très bons spots à Mohammedia et Dar Bouazza. »

A la recherche du sponsor disparu


Mais sa passion du surf va rapidement l’entraîner – sans qu’il ne s’y attende – sur une autre voie : le lancement d’un magazine spécialisé. « C’était le projet de fin d’étude d’un ami graphiste, Rachid. Il a fait un numéro 0 de Amouage (vague, ndlr), et puis il m’a demandé si je voulais continuer l’aventure avec lui. J’ai dis pourquoi pas. » S’il admet volontiers qu’il a toujours eu des facilités avec l’écriture, il n’avait jamais pensé qu’il monterait un jour un magazine. « En même temps, on ne fait pas de l’analyse politique, le plus gros de ce genre de projet, c’est la photo. » Aujourd’hui, ils sont deux, Rachid, directeur de publication, pour le graphisme, Driss pour l’écriture, et les photos en commun, à y travailler. « Mais on a beaucoup de coups de main en parallèle. Je n’écris que 50% du magazine en fait. Et pour les photos, on essaye d’avoir des photographes qui passent par le Maroc. Beaucoup acceptent de nous en donner une ou deux gratuitement. »
En octobre 2007 paraît le premier numéro. Aujourd’hui, ils en sont au 14e. Avec difficulté. « Notre seule rentrée d’argent, c’est la pub. Et c’est une cible très particulière. » Rip Curl a été le premier à s’engager, dès le début, et à les soutenir. Quiksilver est arrivé peu après. « Mais c’est très dur de vivre avec seulement deux grosses marques. La plupart des autres sont simplement des franchises. Si on veut se développer, il faut attendre que de nouvelles grosses enseignes spécialisées s’installent au Maroc. Pour le moment, on est en vitesse de croisière. » Et la croisière s’amuse plutôt bien. « Je dois y aller, je pars à Dakhla, demain. » Pour ? « Surfer, et écrire. »

Texte
Mathias Chaillot
Photo
Layal Rhanem

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
18 mars 2011