Des sites archéologiques à protéger
Casa, la surpeuplée, la dense, s’anime et s’agite. Son paysage urbain, chaotique, anarchique, s’étend au rythme des exodes. Ça construit, ça détruit. Ça déplace les « bidonvillois », ça emmuraille « les médinois ». Sans cesse défigurer, Casa la blanche est un vague souvenir mais son histoire, noyée dans ce champs de bataille moderne, est au centre des préoccupations d’archéologues marocains et internationaux, soucieux d’explorer et de préserver le patrimoine préhistorique de la ville.
Le projet du parc préhistorique de Casablanca a été mis en route. Un parc où les loisirs s’allient à l’information et la sensibilisation au riche patrimoine préhistorique de la région, malheureusement longtemps ignoré. Le site prévu n’est autre que celui de Sidi Abderrahmane. Sur une superficie de 5 hectares, le parc aura une grande capacité d’accueil et sera doté d’espace de détente, de restauration et d’animations. La date d’ouverture est prévue pour 2015. Objectif : remonter l’échelle du temps de 500.000 ans, époque à laquelle le premier homme aurait foulé la terre de Sidi Abderrahmane. Chaque pas sera égal à 10.000 ans pour un parcours insolite, une dimension très peu connue, une histoire collective inexplorée.
Le coût global du projet est estimé à 40 millions de dirhams. Mais avant de pouvoir débuter les travaux, ce sont 721 baraques qu’il faudra « détruire » selon Casa-Aménagement. Le « relogement » de ces centaines de familles sera pris en charge par les investisseurs de Sindibad, Somed et Alliances Développement Immobiler.
Selon Abderrahim Mohib, archéologue et chercheur marocain, seuls quatre sites ont survécu : Sidi Abderrahmane, la carrière Thomas 1, située sur un terrain privé, la grotte des Rhinocéros dans la carrière des Oulad Hamida et le gisement paléontologique des Ahl Al Ghoulam.
Quel avenir pour les sites préhistoriques ? Exposés à l’avidité de la spéculation immobilière, puissante et insatiable ? Dans un pays où les structures et les budgets alloués à la recherche sont insuffisants, où le retard causé par une fuite légitime des cerveaux est difficilement rattrapable, le devoir de recherche, de mémoire, de préservation et d’éducation l’emportera t’il sur les enjeux financiers ? A suivre…
Imane Falah.