« Dans la ville blanche », le parcours de Zara Samiry

Documentaire
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
24 mai 2011

A 28 ans, Zara Samiry a monté « Dans la ville blanche », un webdocumentaire où elle dresse le portrait de Casablancais presque ordinaires. Celle qui pose normalement les questions a accepté, à son tour, de se dévoiler un peu. Pour mieux faire découvrir les autres.

C’est une amoureuse de Casablanca qui aime sa ville autant qu’elle la craint. A Casa, Zara Samiry est née, a grandi, et est revenue, pour monter ce projet ambitieux, le premier webdocumentaire sur le Maroc à la rencontre de ces inconnus qu’on croise chaque jour. Photographe de métier, elle a ajouté le son pour nous présenter, sur son site, les portraits de ces anonymes. Chez elle, ils ne s’appellent pas Omar ou Loubna, mais « le gardien de voitures », « la veuve », ou « le commerçant ». « J’ai toujours été fascinée par l’histoire des autres, explique-t-elle. Quand j’étais petite, ma mère me racontait son enfance, son quartier, mais je n’ai pas ce don là. Alors je recueille les histoires, et je les rapporte. »

Emotions

En France, elle commence, une première série de portraits, Exils. Une étape qui lui permettra, une fois revenue à Casa, chez elle, de retenter l’aventure. « C’est plus dur ici. Il faut batailler, faire preuve de psychologie, pour que les gens acceptent. » Elle aura finalement l’accord du « commerçant », au Melah. « Je le voyais souvent, il avait une bonne bouille. Il m’a mis très à l’aise, alors que je culpabilisais. Nous avons enregistré, nous nous revoyons souvent. » Viendra ensuite « la veuve », « qui a dit oui tout de suite, on a enregistré sans préparation. Elle était très gaie, et puis tout d’un coup, quelque chose s’est déclenchée, elle s’est dévoilée. » Puis « la mère » (« je lui ai parlé de ce projet pendant des funérailles »), la première interview où Zara finira par verser une larme. Au Maarif, elle croise un gardien de voiture, qu’elle mettra des semaines à convaincre, et puis un pâtissier de Derb Sultan. « Pour lui, j’ai coupé un peu l’interview, par respect. Il s’est beaucoup dévoilé, trop. »

Mémoire

De chacune de ses rencontres, Zara signe une série de photos sur lesquelles elle ajuste (et traduit en dessous, pour les francophones) les mots. « C’est un travail de mémoire, la vidéo est trop agressive, elle ne permet pas de se figer. » De quartier en rencontre, elle continue son tour de la ville, fige, enregistre, et grave sur son site ces émotions et ces moments de vie, « en attendant d’en faire une exposition, ou pourquoi pas un livre ». Prochaine rencontre ? « Je ne sais pas. Toi, peut-être. »

Retrouvez Dans la ville blanche, le site de Zara Samiry.

Texte Mathias Chaillot
Photo Vincent Luc

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
24 mai 2011