Chronique d’un jour pas comme les autres !
Des gens avec des poignards de taille dans la rue, des ordures ménagères un peu partout, le boulevard Zerktouni qui se traverse presque sans regarder à gauche, à droite puis à nouveau à gauche, etc. ! Pour ceux dont c’est la première fois, ne vous inquiétez pas : c’est juste la fête de l’Aid ! Pour les autres, petite chronique d’un jour pas comme les autres.
7h30 : Réveil matinal pour les familles ! C’est qu’il y a du boulot en cuisine (puis sur les terrasses et les jardins). Ca bêle encore pas très loin mais plus pour très longtemps ! On prépare la vaisselle, on met les petits plats dans les grands et les tabliers sont de rigueur ! Les enfants portent déjà leurs nouvelles tenues offertes pour l’occasion.
10h00 : Le bêlement coutumier du mouton a fait place à son silence ! La bête pend déjà et les hommes s’y affairent, avant que les femmes ne prennent le relais en cuisine ! Pendant ce temps, les retardataires (ou ceux qui préfèrent échapper à cette étape fatidique de l’Aid) émergent gentiment mais sûrement !
11h00 : La maisonnée se remplit des rires des enfants et des discussions des adultes autour des boulfafs que l’on prépare avec douceur, patience et gourmandise. La viande commence à lâcher son fumé dans la maison, puis de maisons en maisons. La ville entière sent le mouton grillé… Casablanca est un gros mouton qui rôtit !
13h00 : Dans les rues de Casa, plus un chat… Mais des têtes de mouton en train de griller et les premiers ramasseurs de peaux débutent leur ronde. D’ailleurs, si vous vous baladez dans les rues à cette heure-là, il n’est pas rare d’apercevoir des peaux de moutons (appartenant vraisemblablement à des propriétaires quelque peu fainéants) jetées à même les trottoirs depuis les fenêtres de certains appartements. Gardez donc les yeux ouverts !
16h00 : Les cousins et cousines, le ventre bien rempli ne se lassent plus de jouer ensemble, les plus grands réfléchissent quant à eux à la poursuite de cette journée : un café noir (pour digérer !)… une balade sur la corniche casablancaise (pour digérer !)… ou une bonne sieste (oui oui, pour digérer !).
18h00 : Les bras chargés de morceaux de viande au point de se demander si le congélateur va pouvoir les contenir (ou bien si les jours suivants vont être petit-déj mouton, déjeuner mouton, dîner mouton), chaque membre de la famille reprend la direction de son chez soi, content d’avoir passé ce jour pas comme les autres avec les siens.
Une chose est sûre, il ne sera pas nécessaire de compter les moutons pour s’endormir paisiblement ce soir !
Texte: R.Samie
Photo: DR