Chasseur de tête, tout un métier à Casablanca

A savoir
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
19 mars 2012

Casablanca, poumon économique du Maroc, est une ville où les cabinets de recrutement et les chasseurs de tête sont devenus incontournables. Mais comment ça marche le "process" chasseur de tête ? Made in Casablanca est allé à la rencontre de Brahim Lazrak, un chasseur de tête dans la capitale.

Made in Casablanca : Le processus classique de recrutement d’un chasseur de tête

Brahim Lazrak : Au départ, le besoin est formulé par l’entreprise, cherchant à recruter dans le cas d’une création de poste ou d’un remplacement. Elle fait donc appel à un chasseur de tête et nous convenons d’une première entrevue où nous procédons à l’identification des besoins : tâches, type d’organisation, profil, parcours académique, expérience professionnelle, etc. En sortant de cet entretien, l'étape suivante est de mettre toutes ces informations sur papier et de donner corps aux besoins du client : c’est le descriptif de poste, la balle est alors dans mon camp.

Sur la base du descriptif de poste, je me mets à la recherche des candidats adéquats. Mon cabinet se spécialisant plutôt dans les cadres, ce sont des gens qui ont une certaine expérience, de 5 à 15 ans, voire plus. Je commence par cibler certains candidats, dans l’optique de me faire une première liste personnelle avec une dizaine de profils : ils doivent « coller » à 80 % aux demandes du client.

Plusieurs étapes dans le processus

La troisième étape, c’est la prise de contact entre moi et le candidat. La première approche se fait bien évidemment par téléphone : si je sens que la personne est intéressée et intéressante, je lui présente succinctement le poste.

Quatrième étape, c’est le rendez-vous « recruteur-recruté ». Les questions vont porter essentiellement sur le parcours professionnel et académique, ses atouts, ce qu’il a déjà accompli au sein de l’entreprise. Le chasseur de tête doit lui présenter le poste en détails, ses tâches, sa hiérarchie, les opportunités d’évolution également. Le chasseur de tête doit ensuite produire une synthèse. L’idée est de voir où en est le candidat, si il est apte à continuer, ou déjà, si mes recherches sont celles attendues par le client. Donc sur la dizaine de candidats que j’ai reçus, j’en sélectionne 3 ou 4 à présenter au client. Je fournis une présentation sur l’ensemble des candidats et sur les points qui me paraissent les plus intéressants dans la recherche de l’entreprise.

Par la suite, l’entreprise décide de rencontrer un, ou plusieurs candidats. Et là, le processus de recrutement entre la société et le « recruté » se met en marche. Généralement pour plusieurs entretiens. Le chasseur de tête n’interfère plus, mais continue d’effectuer un suivi auprès du client et auprès du candidat, sans entrer en jeu.

Made in Casablanca : Y a-t-il des entretiens plus personnalisés, ou qui différent du classique entretien ?

Brahim Lazrak : Ca dépend du processus du recrutement de la société concernée ou du secteur. Si on prend par exemple le cas des cabinets de conseil, eux sont plus susceptibles de faire ce genre d’entretien. Mais ceux qui sont le plus friand d’entretien de personnalité, de logique, de case-study ou même d’entretien de groupe, ce sont les entreprises anglo-saxonnes. Pour en revenir au cabinet de conseil, ce sont la plupart du temps les « gros » cabinets de conseil qui sont demandeurs. L’idée est de cerner la personnalité du candidat et sa motivation, dans ce cas on peut avoir recours à des études de cas pour mettre le candidat en situation et voir sa réflexion, sa méthodologie.

Déceler le vrai du faux

Personnellement, il se peut que pendant mon entretien et à la demande du client, je mette le candidat « en situation » pour voir comment il réagirait dans une situation stressante. Ca nous permet de déceler certains traits de caractère du candidat. La situation la plus courante, c’est lorsque qu’une dead-line n’est pas respectée. Mon travail sera de noter un maximum d’informations sur la personnalité du candidat puisque nous réagissons tous différemment au stress : certains fonctionnent à l’adrénaline et d’autres sont complètements bloqués en situation de crise. Il arrive aussi que le candidat « arrange » la réalité, et c’est donc à moi de déceler le vrai du faux…  C’est aussi là toute la valeur ajoutée d’un chasseur de tête. Une autre technique consiste à poser la même question au candidat, mais de plusieurs manières différentes et à différents moments de l’entretien : ça me permet ensuite de recouper les réponses et d’être le plus proche possible de la réalité.

Made in Casablanca : Un conseil pour les futurs recruteurs ?

Brahim Lazrak : On remarque aussi que les entretiens qui se déroulent en dehors  d’un cadre «austère » comme un bureau, mettent souvent les candidats plus à l’aise : un entretien dans un café, ou en tout cas en extérieur, le candidat sera plus naturel et plus « vrai ». Parfois, le simple fait de prendre une boisson peut briser la glace entre « recruteur » et « recruté » ! Une chose est sûre, pour un entretien de motivation, mais le moins on s’y prépare, le mieux l’entrevue se passera.

L.E.Z (Laz Executive Search) : [email protected] / +212 6 78 03 32 39

Interview Zara Kadiri

Photo DR


Texte Zara Kadiri
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Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
19 mars 2012