Casablanca : Horizon ville

Architecture
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
15 novembre 2011

Dans le cadre du congrès international sur les métropoles africaines qui vient de se dérouler à Casablanca, deux expositions d’architecture sont à découvrir à l’Eglise du Sacré Cœur.

La première exposition « Un Tour d’horizon » offre à la fois une plongée didactique dans l’architecture néerlandaise et une belle occasion de parcourir ce bâtiment désacralisé transformé en espace culturel.

D’entrée, le visiteur est happé par un ciel de parapluies bleus suspendus sous la voûte vertigineuse. Nul doute que l’accessoire a été choisi, en plus de l’effet esthétique produit par la répétition, comme référence à un climat local plus que pluvieux ! L’étendue de pelouse, un brin trop artificielle, figure quant à elle la campagne hollandaise. Elle prend la forme de la carte du pays, ce qu’une visite à l’étage du bâtiment permet de mieux saisir. La périphérie de l’exposition détaille d’ailleurs l’importance de ces deux éléments, l’eau et la terre, aux Pays-Bas. Au centre, un anneau de panneaux présente une sélection de bâtiments-phares conçus par des architectes de renom dans diverses villes hollandaises. Il abrite également un espace de lecture qui permet au public d’approfondir la découverte.

Une sensibilisation à la fois efficace et ludique de l’Ambassade des Pays-Bas au Maroc.

La deuxième exposition « Learning from Casablanca », plus modeste en termes de moyens, de surface et de position –au fond du bâtiment-, s’adresse plus intimement aux Casablancais.

La mise en scène est ici aussi travaillée avec soin, à l’aide de banales palettes en bois cette fois ! Leur empilement forme un quartier, avec ses bâtiments et ses chemins, et rappelle que les habitations étaient à l’origine de simples rez-de-chaussée, sur lesquels les étages ont été ajoutés au fil des générations. Leur alignement évoque les banquettes familières des incontournables salons marocains, impression parachevée par la présence d’autres éléments domestiques : de petits écrans de télé, des photos de famille, un service à thé.

Transformé en passant puis en hôte, le visiteur pénètre ainsi Hay Hassani et Hay Mohammadi. L’exposition s’intéresse contre attente à ces environnements populaires pour questionner l’intense expérimentation moderniste qu’a connue Casablanca au milieu du siècle dernier. Si des architectes européens sont à l’origine de tels quartiers, la population a ensuite pris le relais, prolongeant ou contredisant, par addition ou soustraction, les trouvailles originelles.

Plus qu’une exposition, il s’agit d’un regard croisé entre plusieurs disciplines, époques et protagonistes. L’initiative a été développée en collaboration entre le Maroc et les Pays-Bas, par African Architecture Matters et Casamémoire. Les quarante étudiants ayant mené l’étude y retranscrivent ce qu’ils ont appris de Casablanca et proposent de nouvelles perspectives en architecture et urbanisme.

La scénographie de l’exposition révèle l’intérêt oublié, voire insoupçonné, des lieux. Les néophytes et les étrangers seront guidés par l’ambiance visuelle et sonore ; les spécialistes se régaleront de données plus techniques. Et si l’exposition était ensuite montrée sur le terrain ?

Ces deux expositions nous donnent à (re)découvrir l’environnement urbain. Preuve s’il en faut qu’avec un regard curieux, le citadin peut faire de belles découvertes, et qu’avec une créativité appliquée, il peut raconter de belles histoires.

 

Texte et photo Sandrine Dole

Dates : jusqu’au 26 novembre 2011

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
15 novembre 2011

Église du Sacré-Cœur

  • Centre culturel
Parc de la Ligue Arabe , Casablanca

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