C'est l'été, on fait le bilan : Casablaklaxoon

Bruit
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
28 juillet 2011

C'est un coup marketing, qui a rencontré une initiative citoyenne. En février dernier naissait Casablaklaxoon, qui voulait faire taire une bonne fois pour toute ces pouet pouet intempestifs. Made in Casablanca fait le bilan, au coeur de l'été.

Moins d'un an après, le volume sonore ne semble pas avoir baissé à Casablanca. Alors, efficace, ou pas ?

A l'origine ?
Casablaklaxoon est le fruit de plusieurs mois de brainstorming et d'une rencontre fructueuse. Selma, sa sœur et son frère cherchaient le meilleur moyen de lancer des actions citoyennes qui permettraient d’apprendre en s’amusant aux marocains de respecter la vie en communauté. Au même moment, Ice Maghreb était à la recherche d’une nouvelle idée pour son calendrier de fin d’année. “C'est comme ça que nous avons décidé de joindre l’utile à l’agréable et de lancer l’action Casablaklaxoon dont les calendriers et les stickers représentaient un des supports de communication que nous utilisons pour transmettre notre message”, explique Selma.

Ca se développe ?

“Nous nous sommes répartis les tâches, moi pour l'organisation et la communication, Zineb pour le créatif.” Résultat, la sauce est montée, la presse a relayé l'information et le net et son fameux buzz ont fait le reste.

Mais au final ?
“L'année n'est pas encore finie”, tempère Selma. Il reste par exemple encore la journée Blaklaxoon, que la petite équipe veut lancer à Casablanca. “Ce sera notre grand défi pour cette année, et on espère bien que les partenaires nous aideront à mener à bien cette mission.”

L'accueil ?
A priori, plutôt bon, sourit Selma. Si le volume ne baisse pas forcément (ou du moins, de manière pas assez visible pour que l'on s'en rende compte), les casaouis accueillent l'initiative avec bienveillance. “Beaucoup des chauffeurs de taxis que nous avons croisés nous ont avoué qu’ils n’avaient jamais pensé que klaxonner était agressif pour eux et pour les autres. D’autres nous ont même dit avec fierté que leur klaxon ne fonctionnait plus depuis des lustres !” Et la campagne de communication n'y a pas été pour rien : “Le nom « Casablaklaxoon » les fait rire et je pense qu’ils ont pris en sympathie notre personnage sur le sticker qui jette en souriant son klaxon dans la poubelle. Ceci nous montre que le changement est possible, il faut juste sortir des sentiers battus pour aller vers les gens et engager le dialogue avec eux.”

Le volume a-t-il baissé ?
Là, force est de constater que le conducteur casaoui a gardé son bras greffé au klaxon. “Pour que que le volume sonore puisse réellement baisser, il faudrait que plusieurs intervenants de la faune routière puisse s'impliquer, comme les chauffeurs de bus dont le klaxon hyper puissant fait froler une syncope à chaque fois, les auto-écoles qui doivent initier au b-a ba du savoir vivre routier.” Sans parler des écoles, où les parents klaxonent intempestivement pour signaleur leur présence à leur chère tête brune. Mais l'équipe ne désespère pas. “Nous parlons du fléau sonore autour de nous, nous offrons des stickers et nous comptons sur ces personnes que nous avons croisés pour relayer le message. Peut être que dans les années à venir inchallah, ça permettra de réduire le volume sonore à Casa et que les entités concernées vont réagir en établissant des lois qui protègent les citoyens des effets nocifs de la pollution sonore.”

La suite ?
“Nous avons participé au Festival de Casablanca qui a eu lieu du 13 au 16 juillet . Dans le cadre de Nouzah Fennia, nous avons aidé à produire un livre sonore sur les bruits de Casablanca avec l’équipe du Carrefour des Arts et organisé une sortie terrain au Maârif et une autre à la centrale des taxis à El 3onk.” Maintenant, la prochaine étape est une série d’actions pour accompagner le lancement de la première journée blaklaxoon à Casablanca. La date n’est pas encore fixée mais, un sondage a été lancé sur Facebook et Twitter. “Elle aura lieu pendant les mois d’octobre ou novembre”, précise Selma.

Marrakblaklaxoon ?
Patience, patience, ça arrive. L'idée est en route, mais elle nécessite malheureusement des moyens. Tout a commencé par des rencontres, des gens qui ont proposé de dupliquer l'expérience à Marrakech. L'un d'eux, professeur à l'ESAV, a fait faire à ses étudiants une adaptation de l'identité visuelle de Casablaklaxoon à la réalité marrakchi. “C’était une séance mémorable, et grâce à l’ingéniosité et à la créativité des étudiants de l’ESAV, nous avons déjà une idée sur les prochains stickers « bla klaxoon » qu’on aimerait produire.” La phase de discussions est lancée, il ne manque plus qu'à trouver les fonds nécessaires pour un développement à Marrakech, et au Maroc en général. Avis aux sponsors.

Tut tut ?
"skout skout !"

Retrouvez aussi notre article sur le lancement de Casablaklaxoon.

Texte & photo Mathias Chaillot

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
28 juillet 2011