Bientôt des murs verts à Casablanca
Nouvellement implantée à Casablanca, la société Florabora a un projet un peu fou : recouvrir des façades tristes et grises par des plantes vertes.
Ils espèrent les faire fleurir aux quatre coins de Casablanca, mais ils ne sont pour l’instant qu’un fantasme d’écolo : si les murs et les toits végétaux existent depuis plus d'une dizaine d'années en Europe, ils sont une idée encore lointaine ici. C’est l’ambition, pourtant, de Florabora Maroc, une société spécialisée dans l’aménagement végétal. « Certains paysagistes essayent de se lancer seuls, mais mettre des plantes sur un mur ne suffit pas. C’est joli en 3D, sur le terrain, c’est autre chose », explique le paysage Azzedine Bayben, le paysagiste chargé de monter ici la structure de cette société qui existe depuis 1988 en France. Pour leurs clients, principalement des entreprises privées (architectes, designers, promotteurs, etc.), ils proposent du paysagisme d’intérieur et extérieur (« ça n’a rien à voir, on ne choisit pas les même plantes, elles n’ont pas les même besoins si elles sont sous une clim’, au fond d’une pièce ou derrière une vitre, les plantes utilisée sont tropicales,
et nous devons les acclimater en serre pour pouvoir décorer nos intérieurs, s’emporte Azzedine), mais aussi deux activités plus surprenantes : les murs et les toits végétaux.
Un toit tout vert
« C’est une vraie technique, résume le paysagiste qui travaille avec son bureau d'études chargé de faire une proposition à partir des spécificités du bâtiment, l'orientation des murs et la variété des végétaux. Ensuite, il faut installer des structures en aluminium sur les façades, y ajouter nos modules, des sortes de pot, sélectionner les plantes, et surtout y ajouter le bon substrat, une pierre volcanique qui remplace la terre. » Toute la structure a alors un arrosage automatisé (« au bout du circuit, il ne doit pas y avoir une goutte par terre »), et elle est entretenue pour que les plantes progressent au bon rythme (« une plante qui ne pousse pas assez bien laissera apparaître la structure. Une plante qui pousse trop va contaminer les autres et détruire l’esthétique »). Azzedine est optimiste, il sait qu’il trouvera des clients pour ce projet. « Imaginez rien que deux murs végétaux sur le boulevard Zerktouni, ce serait quand même autre chose que des façades grises et polluées ! » En revanche, leur autre projet est un peu plus complexe : des toits végétaux. En clair, planter un jardin sur un toit au lieu d’y laisser une dalle de béton. « Au Maroc, on ne peut pas mettre de plaques de gazon, car ça n’existe pas, mais on fait isoler le toit, puis on le plante » Avantage : ça permet de considérables économies d’énergie, climatisation ou chauffage, si le bâtiment est bien isolé, et ça améliore l'étanchéité, . Inconvénient : ça ne se voit pas, à moins que l'architecte ne soit mélé au projet pour en faire un véritable bonus esthétique. « Pas sûr que les gens veuillent investir pour quelque chose qu’ils ne pourront pas montrer, même si c’est écolo et que ça leur fait faire des économies. » En attendant de voir des murs verts pousser un peu partout dans la ville, Florabora Maroc finit sa pépinière à Bouskoura, où ils feront pousser leurs plantes, toutes marocaines. Ah oui, si vous n’avez pas le budget ou la patience pour faire pousser votre mur végétal, ils font aussi de la location de plantes. Ça va forcément plus vite.
Texte Mathias Chaillot
Photo DR