Afrocubism, concert tout en rondeurs

Concert
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
15 juillet 2011

C'est un drôle de concept : des musiciens maliens et cubains réunis par un producteur de world music pour faire un album. Afrocubism est né. Un drôle de concept pour un drôle de concert hier, au Festival de Casablanca, où chaque note repoussait un peu plus loin les frontières.

Afrocubisme, ce n’est pas de la musique cubaine, et ce n’est pas de la musique malienne. « C’est de la musique, c’est la même musique », nous disait un membre du groupe quelques minutes avant le concert. « Et ce soir, ce sont trois cultures qui se mélangent le temps d’un spectacle : le Mali, Cuba, et Casablanca. » Mali et Cuba, il fallait y penser. C’était le projet un peu fou d’un producteur, il y a près d’une quinzaine d’années. Le studio d’enregistrement était prêt, les musiciens cubains sur place, mais les musiciens maliens n’eurent jamais leur visa. Dépité, le producteur enregistra quand même quelque chose avec les cubains : ce fut le Buena Vista Social Club, et un succès immédiat. Aujourd’hui, le projet a vu le jour, avec Eliades Ochoa du Buena Vista Social Club, deux des maliens invités au début de l’aventure, et de nouveaux éléments. Quand ils entrent sur scène, c’est pour entamer une longue intro musicale, sans un mot, des notes de balafon et de trompettes qui se mélangent. Et puis il arrive. Eliades Ochoa. La foule applaudit, le show peut commencer. Premier texte en malien, il faudra attendre le troisième morceau pour voir les deux langues se mélanger, et l’ambiance monter. « On est pauvres, au Mali comme à Cuba, mais on a la culture, donc on a l’essentiel ! », ajoute un des membres du groupe. Ils y vont par petite touche, l’un après l’autre, s’avancent chacun leur tour, dansent, se remettent en retrait.

Guitare électrique et ngoni

Ils ne sembleront s’amuser vraiment qu’au bout de 20 minutes, comme s’il fallait un temps de chauffe, comme s’il fallait apprivoiser le public. Leur dire « J’aime Casa » suffira pour ça. Rapidement, les deux ensembles se mélangent vraiment, une guitare électrique malienne fait une battle avec une guitare acoustique cubaine et on oublie vite la langue utilisée. Malien ou cubain ? Ils semblent utiliser la même langue, pourtant, tant les rythmes sont proches, les sonorités se mélent sans se percuter. Ils jouent avec les photographes. Posent. Dansent. S’amusent. Deux heures de concert, de joie, et de rythmes mêlés, comme pour nous dire qu’il n’existe pas de musique marocaine, malienne ou cubaine. Il n’existe que la musique.

-> Retrouvez aussi notre compte-rendu du concert d'Ayo, les photos sur notre page Facebook et bientôt les vidéos.

Texte & photo Mathias Chaillot

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
15 juillet 2011

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