Sandrine Dole : le design utile et écolo

Interviews
Dev Web
Editor Made in Marrakech
18 mai 2011

Designeuse, Sandrine Dole, diplomée de l’Ecole Nationale Supérieure Création-Industrielle les Ateliers, s’est installée dans la ville rouge en 2006. Elle s’est investie dans un projet écologique et de design original qui donne une seconde vie à un objet que nous croisons tous des centaines de fois par jour.

Il était une fois un pneu de mobylette, “ceux de camions sont trop durs et ceux de bicyclette trop minces”, commente Sandrine, qui avait beaucoup, beaucoup roulé. Collecté gracieusement par le Groupe Pizzorno (qui collecte les déchets en Médina) avec l'accord de la Mairie de Marrakech, notre pneu ne va pas finir sa vie à la décharge parmi les ordures et polluer. Il sera d'abord ouvert en deux et lavé “pour le rendre propre et retirer l'affreuse odeur qu'il dégage” explique la designer. Puis il partira chez des artisans tisserands ou vanniers pour devenir un coussin, un pouf, un chemin de table, un vide poche ou encore un tabouret, un banc, une table basse ou une étagère. Un voyage en camion ou en avion plus tard, feu le pneu devenu objet design trouvera sa place dans un foyer en France, grâce à la Compagnie du Commerce Equitable, il sera vendu dans les boutiques Alter Mundi.

Contrast city

Ce joli conte de fée a été entièrement pensé par Sandrine. “De la mise en place de la collecte à la réalisation pour ce projet, j'ai tout géré. Difficile, mais passionnant” confie Sandrine, “c'est le côté contrasté de Marrakech qui m'a beaucoup aidé. Voir un carossa à côté d'une grosse voiture par exemple... la “Contrast City” qu'est Marrakech m'a beaucoup inspirée”


©Sandrine Dole

 

Sandrine a un dada dans la vie, “que peut-on faire avec ça” ? C'est en partant de cette question qu'elle crée. “Je n'ai pas l'esprit “déco”, j'ai plutôt un esprit pratique en partant de la texture du pneu, que pouvait-on faire avec ?” Aujourd'hui Sandrine peut être fière de sa belle histoire. Les gens ont du mal à croire au premier regard et au toucher qu'un chemin de table ou un banc sont faits de caoutchouc recylé. “On pense à du cuir, il faut vraiment coller le nez des gens sur l'objet pour qu'ils sentent que c'est du caoutchouc, ils n'en reviennent pas ! Le but c'était de trouver une fonction à cette matière pour qu'elle devienne noble, qu'elle ne reste pas un déchet”. De ce côté, le pari semble réussi.

Des artisans exceptionnels

Il y a un autre défi que Sandrine a su gérer : les artisans. "Nous avons vraiment été partenaires, comme je partais de la matière brute je ne savais pas où nous pourrions aller. Mon vannier par exemple qui est route d'Essaouira a tout de suite accepté l'idée de faire un test pour voir s'il pouvait tresser avec du caoutchouc. Je lui avais proposé une nouvelle matière sans lui en dire plus, au début il pensait à une plante spéciale ! Aujourd'hui quand il m'explique qu'il ne peut pas faire tel ou tel objet je sais tout de suite que ce n'est pas la peine d'aller plus loin”.

 

Sandrine apprécie le savoir faire des artisans marrakchis : “c'est un vrai échange. C'est formidable de pouvoir travailler ensemble comme ça”. Et ce qu'elle aime aussi à Marrakech : “il y a un juste équilibre entre ce qui existe déjà et ce qui reste à faire”. Gageons que la jeune femme n'en restera pas là et comme dans les contes de fée, elle aura beaucoup d'autres bébés à recycler.

 

©LCCE-Capucine Bailly

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Visitez le site de Sandrine Dole: http://sandrinedole.free.fr

Portrait Lila Manel Photo DR Publié le 18/05/2011

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18 mai 2011