Les jardins de Marrakech : Les jardins de la Menara
Dans une ville qui n’était qu’un désert où la végétation poussait difficilement, il fallut trouver le moyen de remédier à cette sécheresse bien connue des marrakchis. Pour ce faire, un érudit eut l’idée de construire la Ménara, un immense bassin pour récolter l’eau de pluie qui servirait à arroser les jardins.
Construits sur plusieurs hectares, les jardins de la Ménara se composent d'un grand bassin, d'un pavillon et d'innombrables oliviers centenaires.
La piscine des soldats
En 1147, Abdul-Mu'min autoproclamé calife et imam des Almohades, prend Marrakech aux mains des Almoravides et impose sa puissance sur tout le Maghreb. Marrakech étant à cette époque capitale de l'empire, il fallut stocker de l'eau pour cette ville en constante expansion. Pour ce faire, il ordonna la création d'un bassin de 200 mètres de long et 150 mètres de large.
Autour de ce bassin, près d'une centaine d'hectares de jardins bénéficie de l'eau venue directement des montagnes. Grâce au système des khettaras, qui consiste à acheminer l'eau via des galeries souterraines remontant jusqu'aux montagnes situées à 30 km, toute l'irrigation des jardins pouvait se faire, malgré les conditions climatiques défavorables. Autre utilité dans cette période de guerre transcontinentale, ce bassin servait de piscine d'apprentissage aux soldats, qui pour la plupart ne savaient pas nager. La légende voudrait nous laisser croire que le souverain Abu Bakr Ibn Omar, fondateur de la ville, enterra le butin de ses croisades islamiques à l'endroit où Abdul-Mu'min construisit le bassin
Vue imprenable sur l'Atlas enneigé
Au 17e siècle, les Saadiens qui avaient eux aussi pris Marrakech pour capitale, firent construire le petit pavillon ainsi qu'un mur d'enceinte en pisé de 4km autour de l'oliveraie et du bassin. Une autre légende raconte que le sultan Moulay Ismail, dont la luxure et la démesure allaient de pair, courtisait ses prétendantes et une fois son objectif atteint, les noyait dans l'eau.
Grand visionnaire, le souverain Mohammed III consacra sa fortune à rénover les palais et monuments du pays. C'est sous son égide, en 1869, que les jardins furent replantés et le pavillon de la Menara restauré. La grande originalité de cette petite maison, c'est son toit pyramidal, peu commun à Marrakech. Son balcon offre une vue extraordinaire du bassin, mais aussi de la ville et de l'Atlas lorsque les cimes sont enneigées. L'intérieur du pavillon porte les traces des artisans de l'époque. Nombreuses sont les voûtes et les peintures qui recouvrent bois et zelliges.
Aujourd'hui, la Menara est un lieu de passage incontournable à Marrakech. Les couples s'y promènent, admirant les paysages se refléter sur l'eau. Bien loin de l'image du sultan et de ses envies assassines, romantisme et sérénité sont désormais les maître-mots qui règnent dans ce parc centenaire.