Une promesse de renaissance pour la destination Agadir, la "Perle du Sud"

"Agadir, c’est 360 jours d’ensoleillement par an", "Agadir, c’est l’une des plus belles baies au monde"… Pendant des années, cela a suffi à faire accourir des milliers de touristes… Aujourd’hui, à l’heure du changement climatique (qui fit l’objet d’un séminaire dans ce même hôtel voici trois ans) et surtout à l’heure des situations géopolitiques instables, la "Perle du Sud", destination balnéaire naguère sans rivale, a besoin de se réinventer, incontestablement.

La destination souffre… Pourquoi ?

Çà et là on entend des touristes se plaindre du harcèlement des rabatteurs, du manque d’activités culturelles ou sportives offertes (pas de salle de cinéma où se réfugier quand il pleut, par exemple) et davantage encore du manque d’informations disponibles, du fait que les restaurateurs se paient leur tête, que leur hôtel est vieux et/ou mal entretenu, que la ville est sale dès que l’on s’aventure en dehors de la "zone touristique" et ses rues et trottoirs semés d’embûches. Nombre d’entre eux s’étonnent aussi de la quantité de commerces dont le rideau est baissé… Du côté des commerçants et restaurateurs, on se plaint d’une désertion des clients engendrée par le "all inclusive". Des deux côtés, on déplore une desserte aérienne inadaptée, moins fréquente et plus chère que Marrakech, sa voisine.

Le message fort du Ministre du Tourisme

Cette journée se déroulait en présence de Lahcen Haddad, qui a insisté sur la nécessité de réinventer la « marque » Agadir, dont l’image paisible et accueillante souffre de l’amalgame fait par les touristes entre les divers pays proche et moyen-orientaux…, notamment en valorisant son arrière-pays et ses traditions berbères (NB : en ligne avec la notion de tourisme de niches de la Vision 2020) et en diversifiant son offre. Il a également mis le doigt sur la nécessité de disposer d’une meilleure visibilité numérique, d’améliorer les connexions aériennes et d’encourager les investissements en oubliant la politique politicienne. En conclusion, il a mis en exergue deux facteurs indispensables au bon développement de la région Souss Sahara Atlantique : une grande implication des acteurs du secteur et une volonté politique locale sincère et véritable.

Innover et remettre en état, c’est incontournable !

Les intervenants ont unanimement reconnu que la ville avait besoin d’idées novatrices et de projets. Comme d’habitude, il fut question de « lits ». Un constat est accablant : à peine 60 % de la capacité hôtelière gadirie est commercialisable. Lorsque l’idée fut évoquée par un décideur d’exproprier la Réserve Naturelle de Souss Massa Drâa pour y édifier un complexe hôtelier, des voix s’élevèrent pour demander la réhabilitation du parc hôtelier existant en priorité. L’accent fut alors mis sur l’accompagnement à assurer aux hôteliers pour renforcer leurs capacités de financement. M. Boussaïd, ancien wali d’Agadir, ancien Ministre du Tourisme et actuel Ministre des Finances, a même déclaré qu’il faudrait une loi pour exproprier les propriétaires qui ne réhabiliteraient pas leur établissement dans un certain délai. Son intervention a su fédérer et une volonté de mobilisation de tous les acteurs, publics et privés, fut palpable. Des recommandations et des mesures concrètes devraient bientôt être présentées. A suivre !

Terminons sur une note positive… bientôt une nouvelle activité de loisir à Agadir : Croco Park. Plus que quelques semaines avant l’ouverture de ce parc, créé de toutes pièces dans l’arganeraie à la sortie d’Agadir en direction de Marrakech (guettez la gueule du crocodile sur votre gauche !). Made in Agadir reviendra bientôt sur le sujet.

Texte et photo Isabelle de Balathier