Hindi Zahra et Mehdi Nassouli à Agadir : sous le signe de l’ouverture et de l’universel.

La musique gnaouie à l’honneur

Le public aura l’occasion d’entendre en première partie le jeune et talentueux Mehdi Nassouli, musicien gnaoua spécialiste du hajhouj (grand guembri) originaire de Taroudant, qui s’est formé pendant 10 ans avec les plus grands maâlmine, acquérant une solide connaissance de la tradition musicale gnaouie, de la daqqa, hmadcha ou du malhoun. Il vient de sortir un disque avec Titi Robin (Taziri – clair de lune – pont musical entre les rives est, nord et sud de la Méditerranée) et sera en concert à l’Alhambra à Paris le 20 mai.

Hindi Zahra, chanteuse aux inspirations multiples

Le théâtre résonnera de morceaux du second album d’Hindi Zahra, Homeland, petite merveille sortie ce printemps, qu’elle a en grande partie écrit et enregistré au Maroc, au cœur de la médina de Marrakech, après avoir foulé les scènes du monde entier (quatre cents concerts en deux ans et demi, à Cuba, en Andalousie, Jordanie, Egypte, Israël, Italie, aux Etats-Unis, etc.). Nous voguerons et vibrerons entre les rythmes blues du désert et les musiques gnaouie, gypsy, jazz et pop, mêlant avec élégance les sonorités orientales, brésiliennes, cubaines, africaines.
" En allant au Maroc, je pensais me rapprocher de mes origines mais une fois de plus, le Maroc m’a projeté ailleurs ", a déclaré l’artiste à Bastien Brun, de RFI. La première chanson de ce nouvel opus, To the Forces, rend un vibrant hommage aux " Berbères des montagnes, qui vivent sans électricité ni eau courante, mais pour et par la nature. C’est leur luxe, leur force et leur fierté. " (interview de Stéphane Deschamps pour Les Inrocks).

Ses fans retrouveront sûrement aussi avec joie des extraits de son premier album Handmade, récompensé par une Victoire de la Musique en 2011, comme "Imik si mik" ou "Beautiful Tango" qu’elle avait posté sur MySpace en 2005 et qui l’a fait connaître.

Hindi Zahra, chanteuse marocaine amazigh sans frontières

Arrivée en France à l’âge de 12 ans, la petite Zahra obtiendra un diplôme en comptabilité et alternera les expériences professionnelles (guide au Louvre, réceptionniste au Ritz, etc.) avant de se consacrer à la musique. Elle ajoute lors de l’interview à RFI ces mots magnifiques : " Je suis berbère, je suis une fille du sud, on a cette culture nomade. Même au Maroc, je ne suis pas née où sont mes origines, je viens d'une famille de militaires, on allait d'une ville à l'autre... Ces dernières années, j’ai joué un peu partout dans le monde, jusque dans des pays où je n’aurais jamais imaginé aller, et ce que nous apprend le fait d'être tout le temps en transit, c’est en définitive que notre patrie est en nous, à l’intérieur. "

Ailleurs, elle dit à propos de Homeland : " cet album est peut-être comme le Maroc qui porte aussi toutes sortes de traditions différentes. " Toujours cette idée de mixité, de brassage, de fusion. On y trouve en effet entremêlées les percussions de Rhani Krija et la guitare de Bombino, Touareg nigérien.

Nous nous laisserons donc porter par la voix douce et envoûtante alliant la mélodie et la transe de cette nomade pleine d’humilité et de finesse qui nous fera perdre nos repères et voyager par sa parole (elle parle darija, tamazight, français, anglais et espagnol) et sa musique, dans un de ces moments de partage qu’elle aime tant puisqu’elle est convaincue que l’art doit être facteur de rassemblement.

Texte Isabelle de Balathier
Photo DR