" Gazelle un Jour, Gazelle pour toujours ! "

Rallye
A mouchel
Editor Made in Agadir
3 avril 2015

Deuxième Marathon depuis les dunes de Cheragua L’aventure du Rallye Aicha des Gazelles est bientôt terminée... La pression monte, la fatigue s’installe mais heureusement que nos gazelles font appel à cette force de l’esprit, celle qui déplace les montagnes. Rayonnantes, avec les yeux qui brillent, elles se surprennent elles-mêmes à réaliser ce qu’elles n’auraient jamais pensé pouvoir faire un jour. Le Rallye est une expérience qui transforme votre vie, et elles le confirment sans hésiter.

L’équipage 222, Samia et Mounia, les deux sœurs Terhzaz, sont pleines d’énergie. Elles ont fait un beau marathon, ont récupéré toutes leurs balises et se sont mises à disposition des gazelles qu’elles ont croisées en cours de route et qui avaient besoin d’aide et de soutien. 

Samia partage avec nous une petite anecdote : Arrivées à leur dernière balise, elles ont dû faire face à un problème mécanique : volant bloqué. L’Esprit Gazelle se manifeste aussitôt, un équipage américain leur est venu en aide.
« Ça a duré une bonne heure, me raconte Samia, elles ont sorti leur boîte à outils, ont démonté le volant... En fait, elles ont juste pris le temps de débloquer cette situation et c’était formidable. Nous ne les connaissions pas et elles nous ont aidé. Après, on s’est suivi avec un autre équipage marocain, qui a eu des problèmes, ils ont déjanté deux fois, et ont dû changer de roue à deux reprises. Nous sommes restées ensemble. Finalement, la galère fait le charme de ce Rallye aussi. Le plaisir est décuplé quand tu arrives à la fin. »
« On va chercher au plus profond de nous-mêmes, car nous passons par toute la palette d’émotions sur ce Rallye, rajoute Mounia ; Le désert nous inspire l’immensité, la beauté, la liberté. »

Samia et Mounia, âgées respectivement de 38 et 36 ans, sont des femmes indépendantes, mères de famille et compagnes accomplies.

« Nos maris prennent le relais avec les enfants. Nous avons beaucoup de chance. Ils nous soutiennent. Ils ont créé des pages Facebook par exemple, avec plus de 3000 fans maintenant. Nous avons également croisé des personnes dans le désert qui nous ont affirmé qu’ils nous suivaient en rajoutant que toutes ces femmes marocaines qui participent à cet événement sont une fierté pour la nation ».

Les filles décrivent très bien en une seule phrase la qualité et la nature du Rallye Aicha des Gazelles : « C’est un Rallye pro, auquel participent des amateurs ! C’est ce qui le rend si particulier. Tu te lances dans l’inconnu, pour découvrir que finalement, avec la détermination, tu es capable de tout faire car rien n’est insurmontable », me dit Mounia.

Florence et Karima, équipage 221, ont vécu un marathon rempli de challenge.
« La deuxième journée a été particulièrement difficile mais nous nous sommes globalement régalées, me dit Florence, nous sommes très contentes. Cette sensation de solitude dans ce paysage magnifique, cette immensité, nous apaise en fait. C’est tout simplement magique. Et je dédie ce Rallye à tout ceux qui m’ont suivi pendant huit ans ».

Les Gazelles, face à cette réalité où compétition et solidarité se croisent et se complètent, sont conscientes de l’impact de cette expérience sur leur vie personnelle et collective. « Il m’est juste impossible de voir une gazelle en difficulté et de ne pas m’arrêter. Nous sommes en effet pris entre l’esprit de la compétition et celui de la solidarité. Et c’est toujours le bon côté qui l’emporte. Et oui, c’est évident qu’il y a de l’espoir pour l’humanité, il y a toujours de l’espoir » rajoute Florence, épanouie et pleine de douceur.

Nos Gazelles d’Agadir, Naïma et Carolyne, équipage 209, ont accompli une très belle étape. Elles ont pris énormément de plaisir, et c’était là leur premier objectif !
« À l’entrée des dunes de Chergaga, nous avons eu un super jolie tanquage, me dit Naïma, on s’est pris une grosse herbe à chameaux en descendant d’une dune, j’ai calé le pont avant sur l’herbe, avec la roue arrière droite levée et le nez planté dans le sable. Et là, on s’est dit, y a un gros problème ! ».
Carolyne rajoute : « C’est d’ailleurs la première fois que nous nous sommes dit, il va falloir rester très calme et maîtriser nos émotions, faire le tour de la voiture, voir comment les ponts avant et arrière sont positionnés, pour trouver la meilleure solution afin que la voiture ne bascule pas. Naïma ne pouvait pas ouvrir la porte, elle est sortie par la fenêtre, et moi j’étais à deux mètres de haut. D’ailleurs, j’ai sauté de la voiture pour pouvoir sortir ! ».
« Naïma et moi avons des qualités différentes et en même temps complémentaires. Et malgré mon caractère de feu, j’ai appris que je pouvais rester calme dans toutes les situations, être indulgente envers l’autre et savoir me pardonner aussi » reconnaît Carolyne.

Elles tenaient à remercier leur famille, amis et inconnus, pour leurs messages de soutien et d’encouragements.

Bénédicte et Jamila, équipage 219, sont en pleine forme ! « Il y a une technique pour prendre les dunes, mais il est vrai qu’il y a tout le temps un moment où l’on va s’enfoncer et c’est là que le plus fabuleux arrive : la solidarité au delà de l’intérêt personnel. C’est vraiment le message de ce deuxième marathon. On a également passé une belle soirée entre copines et c’est LA particularité de cette étape. C’est intense de ressentir toutes ces émotions, être à l’écoute de soi, et de ce que le désert nous inspire. L’humilité est une leçon que nous offre la grande sableuse et qui restera semé dans nos cœurs », me dit Bénédicte, toute en rajoutant : « Le désert me rend très méditative. Dans les moments de tensions avec ma partenaire, nous réagissons de manière respectueuse. Étrangement, on se tait, et on continue à avancer et puis comme il faut travailler, retrouver notre cap, on se remet à discuter et c’est comme ça que l’on gère la pression. Apprendre à vraiment écouter l’autre est une valeur qui m’accompagnera à vie. Dorénavant, plus rien ne me fait peur car je sais maintenant ce dont nous sommes capables de faire».

« Je voudrais rajouter quelque chose, me dit-elle, je souhaiterais partager avec vous un élan de solidarité et de gratitude de personnes que je ne connais pas du tout et qui nous ont envoyé des messages de remerciements pour avoir aidé leur fille, leur compagne, leur amie ou leur sœur. C’est merveilleux ! ».

Marie et Éthel, équipage 102, représentant la Côte d’Ivoire, respirent la joie de vivre ! Pendant qu’Éthel se concentre sur la carte, Marie prend le relais pour partager leurs expériences et anecdotes.
« Éthel m’a demandé il y a un an de relever le défi Aïcha des Gazelles. J’avoue que j’ai accepté mais sans trop de conviction, parce que je ne pensais pas que l’on irait jusqu’au au bout mais Éthel avait pris le projet à cœur, et nous voici en plein désert, à vivre une expérience intense et inoubliable. En fait, c’est vraiment suite au stage de navigation et de pilotage que j’ai réalisé que c’était sérieux !! Et c’est vraiment sans regret ! ».

Éthel se joint à notre conversation : « Hier nous nous sommes perdues en plein milieu de nulle part, à quelques kilomètres de la frontière algérienne. Nous avons eu envie de nous asseoir et de pleurer, me dit-elle en éclatant de rire, nous étions seules, vraiment seules, gauche, droite, devant, derrière, c’était pareil ! D’habitude, on croise toujours quelqu’un, mais là rien du tout ! Il était 17h et nous n’avions qu’une heure trente avant la fermeture du contrôle de passage. Heureusement, au bout d’un temps qui nous a semblé interminable, des gens sont passés par là et nous ont indiqué la direction, c’était tout droit, à 150 km ! Fin mot de l’histoire, nous sommes bien arrivées ! ».
Après cette bonne cure de rire, nos gazelles ivoiriennes se sont concentrées sur le cap, avant de reprendre la route des milles et une aventures.

Karolyn et Annick, équipage 404, sont des battantes. Ces marocaines de cœur ont tenu à représenter leur terre d’accueil.

« Ce deuxième marathon s’est très bien passé, sachant que le premier a été très dur, avec une panne à laquelle on ne s’attendait absolument pas et qui nous a fortement pénalisé en terme de classement. C’était pendant la deuxième journée du premier marathon. Tout se passait très bien jusqu’à ce que j’entende le bruit de l’hélicoptère, j’ai relevé la tête deux secondes, et c’est là que je me suis prise une énorme pierre qui a abîmé la barre de direction, elle s’est fêlée et s’est cassée un peu plus tard. C’était compliqué à réparer soi- même, du coup nous avons dû faire appel à l’assistance mécanique, ce qui signifie deux cents points de pénalités. La réparation a été faite par des mécaniciens extrêmement compétents mais c’était une réparation de fortune. On nous a fortement conseillé de rentrer au bivouac sans pouvoir taper les autres balises. Il nous en restait quatre sur quatorze. Ce qui fait 440 points de pénalités au total. Nous sommes donc passées de la 6ème position avant ce premier marathon, à la 13ème position. Avec cette pierre, tous nos espoirs de classement se sont un petit peu envolés » me dit Karolyne, en rajoutant, « Annick et moi sommes tombées bien bas, ça a été difficile de digérer tout ça, car nous voulions vraiment être classées parmi le top 5 ».
« L’esprit du Rallye des Gazelles, nous a fait vivre de belles rencontres, des gens qui nous ont soutenus, encouragés et ça nous beaucoup aidé. Du coup, ce deuxième marathon nous a tout de même redonné des forces, et nous avons pu faire un très beau parcours. Nous devrions être très bien classées dans cette étape. En rien n’est jamais joué d’avance dans la vie, et je pense qu’il faut avoir beaucoup d’humilité. C’est le principe du désert. Ce qui nous est arrivé me fait penser à cette phrase : À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » dit-elle radieuse et sereine.

Des femmes courageuses et exceptionnelles se retrouvent l’espace de quelques jours, à a défier leur peur et à repousser leur limites. Les Gazelles, de toutes nationalités confondues, sont une inspiration pour toutes et tous.

A mouchel
Editor Made in Agadir
3 avril 2015